Après une semaine de conférences réunissant les experts du domaine, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence pour le cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), vient de classifier les gaz d’échappement des moteurs diesel parmi les cancérigènes certains pour les humains.
Réuni à Lyon, le groupe d’experts à ainsi estimé qu’il y avait à présent suffisamment de preuves montrant qu’une exposition aux gaz d’échappements de moteurs diesel est associée à un risque accru de cancer du poumon.
« Les preuves scientifiques sont irréfutables et les conclusions du groupe de travail ont été unanimes: les émanations des moteurs diesel causent des cancers du poumon » , a déclaré le Dr Christopher Portier qui le présidait.
A préciser que les gaz d’échappement des moteurs essence ne sont pas exonérés de tous soupçons et sont encore classifiés comme « peut être cancérigène pour les humains » en attendant que de nouvelles études confirment ou infirment cette hypothèse.
Un risque connu depuis le début du diesel
« Les constructeurs et les pouvoirs publics connaissaient dès le début du diesel, dans les années 1960, le danger des particules fines. Un simple torchon sur le pot d’échappement et l’on récolte des suies que l’on n’a pas avec un moteur essence. Mais à l’époque, les intérêts de l’Etat étaient plus importants que la santé publique et l’écologie n’existait pas… » indique Bruno Guibeaud, membre du réseau d’Europe Qualité Expertise dans une interview accordée au Parisien.
Entre temps, de nombreux articles et rapports ont été publiés mettant en exergue la dangerosité des particules fines :
En 1988 le CIRC avait déjà classé les émissions des moteurs diesel parmi les cancérigènes probables pour l’homme, En juillet 1998 en Autriche, l’OMS a reconnu que « les gaz d’échappement des moteurs diesel contiennent plusieurs substances cancérigènes et potentiellement cancérogènes et contribuent à aggraver le problème du cancer du poumon » Beaucoup plus récemment, en mars 2011, une étude publiée par Aphekom estimait que les particules fines, également émises par le chauffage au bois et l’industrie, seraient à l’origine de quelques 42.000 morts prématurées chaque année en France et 400.000 en Europe.
En mai 2011, la Commission Européenne a elle aussi tiré la sonnette d’alarme en assignant la France en justice pour non-respect des valeurs limites de qualité de l’air applicables aux particules fines.
« On sait depuis très longtemps que le diesel est un mauvais choix sanitaire, et que cette politique publique (visant à promouvoir un parc diesel en France) est une erreur » commente à l’AFP le Dr Patrice Halimi, secrétaire général et porte-parole de l’association Santé environnement France qui regroupe 2.500 médecins.
« Le lobby du diesel a toujours été très puissant car il s’agit d’une technologie parfaitement maîtrisée par les Français » précise Bruno Guibeaud.
En 2011, les véhicules diesel représentaient 72.4 % des ventes de véhicules particuliers en France.
Un problème comparable à celui de l’amiante
Dans un article publié le 5 juin, le quotidien Le Parisien n’hésite pas à assimiler le problème de la pollution des véhicules diesel à celui de l’amiante.
« La pollution est moins visible qu’autrefois, quand le diesel fumait noir, mais les particules fines et les gaz NOx sont toujours là et tuent tous les jours. Le diesel en ville aujourd’hui est une gigantesque bombe à retardement. Ceux qui roulent peu, moins de 10.000 km par an, et ils sont nombreux, ne devraient jamais rouler avec un diesel. C’est criminel » commente Bruno Guibeaud.
Vers une interdiction des véhicules diesel ?
Malgré cette annonce importante de l’OMS, on ne parle pas encore de sortie du diesel, technologie sur laquelle ont misé de nombreux industriels européens et qui représente un vivier d’emplois important.
Dans le cas de l’amiante, c’est en 1973 que l’OMS l’avait classée comme étant une substance cancérigène mais ce n’est qu’en 1997, soit 24 ans plus tard, que son usage a été interdit en France…
Néanmoins, les enjeux sanitaires et environnementaux jouant un rôle plus importants aujourd’hui, les autorités pourraient se montrer beaucoup plus réactives pour prendre des mesures vers une sortie progressive du diesel.
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