Contraint l’an dernier d’abandonner sa tentative de record en raison des mauvaises conditions météo, Venturi revient sur le Lac Salé de Bonneville (Utah – USA) pour pulvériser son propre record de vitesse électrique avec la VBB-3. Objectif visé : 600 km/h !
A quelques jours de cette tentative, l’AVEM revient sur les principales caractéristiques du véhicule et l’organisation du challenge avec Delphine Biscaye, ingénieure en charge du programme VBB-3…
La VBB-3 intègre de nombreuses évolutions par rapport à la précédente génération, la VBB 2.5, avec notamment une puissance supérieure à 1000 CV. Quelles sont ses principales caractéristiques ?
En fait, c’est une voiture qui fait cette fois 2 mégawatts, soit approximativement 1 MW par axe, ce qui équivaut à un total de 1400 CV alors que la génération précédente était uniquement en traction avec 600 kW. On a donc doublé la puissance et transformé la voiture en une quatre roues motrices. Pour tester cette nouvelle motorisation en amont de la tentative de record, nous avons développé un banc moteur spécifique à la VBB-3. Sans avoir à faire rouler la voiture, celui-ci nous a permis de travailler sur le moteur jusqu’à sa puissance maximale tout en reconstituant les conditions de roulage et de résistance.
Du côté des batteries, le pack est composé de 2.000 cellules, des lithium-fer phosphate. Une technologie qui présente des avantages en termes de sécurité puisqu’il s’agit d’une des chimies les plus stables. Ce sont également des cellules de puissance sur lesquelles on va pouvoir tirer beaucoup d’énergie. Cela correspond à nos besoins de décharge rapide puisque nous allons passer de 100 % à 70-60 % de charge en seulement 70 secondes lors de nos essais. Ces cellules sont réparties sur deux demi-packs : 1000 pour le train avant et 1000 pour le train arrière.
Parmi les autres améliorations, nous avons retravaillé l’aérodynamique et les panneaux avant ont été changés pour améliorer à la fois l’aérodynamisme et la visibilité du pilote. Les suspensions ont également été modifiées et optimisées suite aux quelques essais de l’an dernier.
Concrètement, comment s’organise cette tentative de record sur le Lac Salé ? En fait, comte tenu que nous ne disposons pas de piste d’essai comparable à celle du Lac Salé, nous allons participer à deux événements : la Speedweek et la tentative FIA.
Du 7 au 15 août, on va donc commencer par participer à la SpeedWeek. Les deux premiers jours sont consacrés à l’inspection des véhicules et nous pourrons commencer à rouler à partir du 9 août. On prévoit de commencer nos roulages de façon progressive : 160 km/h, 200 km/h etc…
Au-delà du record FIA que nous visons, il est donc probable qu’on batte un record US à l’occasion de la SpeedWeek puisque seuls les records américains y sont homologués. Nous allons donc faire nos « runs » jusqu’au 15 août pour la SpeedWeek avant un jour de « relâche » prévu le 16.
Par la suite, du 17 au 21 aout, la FIA sera sur le Lac Salé pour homologuer les tentatives de record. Durant quatre jours, nous pourrons faire autant de tentatives que nous souhaitons. L’objectif sera donc de battre le record sur cette période.
La première semaine sera donc plus une montée en puissance, pour vérifier la fiabilité de la voiture, des systèmes l’électronique, des interfaces de communication etc… L’objectif est d’acquérir un maximum de données et d’expérience sur cette nouvelle voiture en tentant au passage de battre un record US et en conservant de la marge pour s’assurer que la voiture soit au maximum de ses capacités pour la tentative FIA.
Quelle est la procédure d’homologation du record FIA ?
Pour définir le record, la FIA réalise la vitesse moyenne sur un mile donné. A chaque fois, nous avons 5 miles d’accélération et c’est sur le sixième mile que nous sommes mesurés sur la vitesse d’entrée et la vitesse de sortie par la FIA qui réalise la moyenne ensuite. Nous avons ensuite six miles pour décélérer.
Pour valider le record FIA, on doit faire un passage dans chaque sens sachant qu’on a une heure pour repasser dans l’autre sens
Le record s’établit donc sur la moyenne sur un mile aller et un mile retour.
Techniquement, il faut donc bien calculer pour parvenir à la vitesse maximum à la sortie du 5ème mile et la maintenir durant un mile, à l’aller comme au retour. C’est le travail de Roger Schroer, pilote de l’équipe depuis le début du projet et détenteur du record actuel…
Cette année, l’objectif est de 600 km/h ? Oui, l’objectif premier est de battre notre propre record en dépassant les 320 miles et, après, de tenter de s’approcher voire de dépasser les 600 km/h. 100 km/h de plus, c’est un déjà un gros challenge pour cette première année avec la VBB-3 qui nous permettra également de définir les améliorations à réaliser pour l’an prochain…
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