← Revenir aux actualités

Korelation : Résultats d’une enquête suisse sur les véhicules électrifiés Rédigé par Philippe Schwoerer le 30 Mar 2015 à 00:00 0 commentaires

Du milieu de l’année 2013 jusqu’à fin 2014, le Centre suisse des véhicules électriques de l’association e’mobile a invité les électromobiliens à analyser leur usage au quotidien de leurs propres engins branchés. Les résultats de l’enquête, qui portait plus particulièrement sur les coûts, la recharge et l’autonomie, ont été communiqués dans le courant du mois de février.

Des VE plus performants

Comme nombre d’acteurs de la mobilité électrique, e’mobile cherche à tordre le cou aux préjugés qui plombent encore quelque peu le développement des véhicules à batterie de traction. Parmi les principaux : ces engins coûtent trop cher, ne disposent que d’une autonomie relative et d’un réseau de recharge insuffisant. « Or, depuis 2011, une nouvelle génération performante de voitures électriques a été introduite sur le marché », met en avant l’association suisse, qui évoque aussi les modèles hybrides rechargeables ou ceux équipés d’un prolongateur d’autonomie. Grâce à son enquête, e’mobile a pu confirmer ses intuitions, témoignages à l’appui.

Economie à l’usage

« En moyenne, chaque participant au projet Korelation réalise annuellement une économie de 840 francs suisses (NDLR : 800 euros environ, au 30 mars 2015) en frais de carburants », relève le document encore récemment publié et qui se base sur un kilométrage annuel de 11.500 km. Les dépenses en énergie pour alimenter une voiture sont inférieures de 63% en faveur du VE, par rapport à son équivalent thermique. « Le prix d’achat d’une voiture électrique est supérieur à celui d’une voiture à moteur thermique similaire. Cependant, les économies réalisées sur le carburant diminuent nettement les frais d’utilisation – en particulier lorsque le kilométrage annuel est élevé », conclut l’enquête au sujet du coût d’utilisation.

Coût de l’équipement pour la recharge

Afin de recharger en leurs murs, en toute sécurité et parfois plus rapidement, les professionnels et particuliers ont parfois fait contrôler et adapter, si nécessaire, leur installation électrique, pour un coût inférieur à 2.000 francs suisses (1.900 euros) dans environ 80% des situations. Certains objecteront sans doute que l’enveloppe est conséquente. Toutefois, si l’avis préalable d’un électricien est conseillé en cas de doute sur la fiabilité du réseau domestique, s’équiper d’un dispositif pour une recharge accélérée n’est pas toujours nécessaire. En outre, ceux qui ont fait le choix, pour des raisons écologiques, de rouler au GPL ou au GNV plutôt qu’à l’essence ou au gazole, ont eu des frais similaires et parfois même plus élevés. La question numéro 1, avant de s’équiper d’un véhicule plus vertueux pour l’environnement, est surtout de savoir pourquoi on compte le faire.

Coût de l’entretien

« Plus de 30% des entreprises et presque 40% des particuliers ont admis avoir été séduits par les faibles coûts d’exploitation des voitures électriques », indique le rapport. Les participants au projet Korelation devait signaler toutes pannes et tous frais de réparations. « En une année, seuls six événements particuliers ont coûté plus de 100 francs suisses (NDLR : 95 euros) », souligne e’mobile, qui en conclut que « la probabilité d’avoir des coûts extraordinaires n’est pas plus élevée sur ces véhicules que sur les voitures thermiques ». L’Avem émettra tout de même un petit bémol à ce sujet, rappelant combien il est important d’assurer au mieux sa citadine, sa berline, ou son utilitaire électrique, et peut-être de signer un contrat qui prolonge la garantie du constructeur. Certaines pièces de carrosserie, mais aussi de la chaîne de traction, peuvent être chères à remplacer, car encore produites en relatif petit nombre. En revanche, l’entretien courant d’un véhicule branché est bien moins lourd à supporter que celui de son équivalent thermique.

La question de l’autonomie

« Les conducteurs de voitures électriques peuvent influencer significativement l’autonomie de leur véhicule », résume l’enquête. Un point qui fait parfois sourire. Et pourtant, le propre de l’homme n’est-il pas de perpétuellement s’adapter. D’abord à la nature qui, même si l’activité humaine a son influence dessus, décide des saisons et de la météo. Indépendamment des réglages prévus, on se plie bien à la position de conduite et à la façon d’entrer dans des véhicules aussi différents qu’une sportive à portes papillon et un 4×4 haut sur ses roues. Alors pourquoi ne pas imaginer que l’autonomie peut aussi être un jeu dont les points acquis se traduisent par autant de kilomètres gagnés sur une charge ? Surtout que E’mobile note une consommation moyenne réelle supérieure de 46% aux données fournies par les constructeurs. Un écart dont l’importance fluctue au sein d’un même modèle, selon la conduite et l’exploitation des consommateurs énergivores comme le chauffage et la climatisation.

Apprendre à gérer l’autonomie

Selon Korelation, « un tiers des utilisateurs professionnels et plus de 40% des conducteurs privés ont adapté leur style de conduite et, selon leurs indications, consomment moins d’énergie que juste après l’achat du véhicule ». C’est une question d’habitude, d’expérience et de motivation. Les conducteurs apprennent en roulant à gérer l’autonomie utile. E’mobile a mis au jour que lorsqu’un électromobilien a besoin d’effectuer des déplacements qui exploiteraient globalement la presque totalité de la capacité des batteries, il conduit de manière plus économique. Idem, en hiver : la surconsommation due au froid et à l’utilisation du chauffage peut être limitée. Les interrogés n’ont grillé en moyenne que 16% de plus d’énergie par rapport à l’été, « et non 50% comme on peut le lire régulièrement dans les médias ». Un écart plutôt faible que l’association explique par le fait que « les conducteurs expérimentés savent qu’en gérant correctement le chauffage et la climatisation, ils peuvent influencer la consommation de manière significative ».

Des solutions

Si l’autonomie des voitures branchées apparaît insuffisante pour nombre de ceux qui n’en utilisent pas, elle n’est toutefois pas déterminée, variant fortement selon différents facteurs, résume le document publié par e’mobile. « En adaptant son style de conduite, les voitures électriques offrent une autonomie suffisante pour les déplacements quotidiens. Les conducteurs qui doivent parcourir de longues distances optent soit pour le train, soit pour une voiture électrique équipée d’un moteur thermique – sans devoir renoncer aux avantages de la conduite électrique ».

Pas assez de bornes de recharge ?

Epineuse question que celle de la densité du maillage pour faire le plein des batteries. E’mobile relève que « les conducteurs actuels de voitures électriques doivent rarement recourir aux bornes de charges publiques. Les entreprises utilisent presque exclusivement leur propre installation ». Parmi les participants au projet Korelation, Damian Städeli, un ingénieur de 45 ans, témoigne : « Brancher ma voiture à la maison ou au travail suffit amplement ». Ainsi, seuls les 8% des recharges sont effectués à l’extérieur dans le cas des particuliers, et encore plus rarement, 2%, par les professionnels. Conformément à ces chiffres, « la demande de densification vient principalement du secteur privé qui souhaite avant tout des bornes rapides ». L’association estime à 30% les particuliers qui s’inscrivent dans cette logique, contre seulement 10% des entreprises. Finalement, la moitié des recharges effectuées à l’extérieur « étaient nécessaires en raison d’une autonomie insuffisante ».

Le Panel

Ce sont 59 électromobiliens privés, 28 entreprises et 53 utilisateurs mixtes (privés et professionnels) qui ont participé au projet Korelation. Agés de 40 à 60 ans pour 60% d’entre eux, ils étaient globalement à la tête d’une flotte de 199 véhicules immatriculés après 2011, dont 177 VE, 18 autres disposant d’un prolongateur d’autonomie, et 4 hybrides rechargeables. Tout ce panel s’est ainsi équipé : par intérêt pour les nouvelles technologies, pour le bilan environnemental positif des VE, et/ou l’indépendance de ces derniers vis-à-vis des énergies fossiles.

Méthodologie

L’étude réalisée dans le cadre du projet Korelation combine plusieurs méthodes de recherche : questionnaire général (processus d’achat, installation électrique, expériences antérieures du VE, etc.), mesures de consommation d’énergie durant deux périodes de 30 jours consécutifs (été/hiver), évolution du comportement et des besoins en autonomie et bornes de recharge publiques, signalement des événements particuliers (pannes, avertissements du système de supervision embarqué, réparations). Ainsi, l’association e’mobile a-t-elle pu se constituer une liste des avantages et inconvénients à l’achat d’un véhicule électrique, mais cette fois-ci dressée par les utilisateurs eux-mêmes. Les résultats sont en conséquence éloignés des craintes et limites formulées par ceux qui n’ont pas encore décidé de s’équiper d’un VE.

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter