L’Ademe vient de rendre public son avis en douze pages sur les potentiels du véhicule électrique. On mesure tout le chemin parcouru autour du sujet par cet établissement public, qui n’hésite plus, depuis quelques années, à faire sortir le VE du simple cadre de l’engin automobile. S’il n’y avait que 2 messages principaux à retenir, ce serait : afin d’être intéressante pour l’environnement et financièrement, une voiture branchée doit être intensément exploitée ; son impact sur la planète sera d’autant plus léger qu’elle sera intégrée en maillon des réseaux électriques qui desservent habitations et entreprises, mais aussi pour développer les nouvelles formules de mobilité, comme l’autopartage, par exemple.
Un engin à exploiter au maximum !
Deuxième voiture, pour les petits trajets en ville, à utiliser avec parcimonie… Non ! L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie fait officiellement voler en éclats toute fausse bonne idée qui relèguerait à un niveau secondaire les véhicules électriques, juste bon pour quelques menus déplacements. « Le VE sera d’autant plus intéressant sur les plans économiques et environnementaux, qu’il sera utilisé intensément », affirme le document, qui fournit quelques exemples d’exploitation optimum : trajets quotidiens domicile-travail importants si un véhicule individuel est nécessaire du fait de l’absence de transports en commun ; flottes partagées de véhicules d’entreprises ; livraisons de marchandises en ville ; services de mobilité comme l’autopartage.
Un impact différent sur l’environnement
Ce n’est pas un mystère, l’impact sur la planète des véhicules thermiques s’alourdit à chaque nouvelle utilisation. Pour les modèles électriques, c’est exactement l’inverse, du fait de la fabrication de leurs batteries de traction. « Les gains environnementaux d’un véhicule électrique se retrouvent donc à l’usage », confirme l’Ademe, qui souligne l’excellent rendement énergétique des VE une fois livrés aux clients. L’agence, qui s’appuie sur une analyse comparée du cycle de vie des modèles électriques, alimentés au gazole et à l’essence, constate cependant que, de sa fabrication à sa fin de vie, « la consommation énergétique d’un VE est globalement proche de celle d’un véhicule diesel ». Réalisée en 2013, l’étude a déjà été maintes fois reprises et commentées.
Globalement contrasté
On savait déjà que, « sur l’ensemble de son cycle de vie, le véhicule électrique émet, lorsque l’électricité utilisée pour la recharge des batteries est faiblement carbonée comme c’est le cas en France, moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique (respectivement environ 9 t CO2-eq contre 22 t CO2-eq dans les mêmes conditions) ». Contrairement à ce que nombre des détracteurs du VE prétendent, son développement permettrait bien « de réduire la contribution de l’automobile au réchauffement climatique ». Idem pour la qualité de l’air en ville qui s’en trouverait améliorée, puisque les véhicules électriques n’émettent pas de NOx et COV sur leur passage. Même si le document de l’Ademe présente le VE comme une solution efficace à différents problèmes environnementaux, il sait aussi délivrer quelques bémols, notamment concernant l’acidification des milieux et le potentiel d’eutrophisation de l’eau. Une comparaison avec les autres technologies retenues dans l’analyse modère cependant le bilan négatif : « Sur le cycle de vie du véhicule, ces impacts sont toutefois du même ordre de grandeur pour un VE que pour un véhicule thermique (pour l’acidification des milieux, l’impact du VE est supérieur de 25% à celui d’un véhicule diesel ; pour le potentiel d’eutrophisation, l’impact du VE est inférieur de 45% à celui d’un véhicule diesel)».
Un maillon vertueux
La situation devient plus tranchée en faveur du véhicule électrique si « L’utilisation en seconde vie et le recyclage des batteries permettent de diminuer ces impacts environnementaux ». D’autant plus que les accumulateurs récupérés pourraient avoir un rôle important dans le développement des énergies renouvelables, en servant de tampon lorsque le manque d’ensoleillement et de vent ralentit ou arrête la production. Les VE, eux-mêmes, peuvent devenir « un maillon d’une gestion énergétique plus intelligente ». Ils permettront de lisser les fluctuations des demandes électriques en entreprise ou dans l’habitat. Un scénario qui devient de plus en plus évident, et que se sont déjà approprié certains constructeurs. Parmi eux, Nissan a imaginer avec Foster + Partners la station-service du futur, qui s’appuie sur le principe des véhicules connectés au réseau (Vehicle-to-Grid ou V2G). A ceux qui ne comparent encore les technologies électriques et thermiques que sur la seule utilisation des véhicules pour assurer les déplacements, l’Ademe propose donc une perspective quelque peu déstabilisante : élever le VE au rang de pièce maîtresse au service du développement des énergies propres et de la maîtrise de la production électrique.
Le VE est en route
L’Ademe ne montre aujourd’hui aucun doute sur la pénétration croissante des véhicules électriques dans les flottes des entreprises et des ménages. Les enjeux en matière d’environnement et de consommation énergétique sont tels qu’ils sont désormais perçus comme incontournables. Leur contribution à l’indépendance énergétique, au développement des nouvelles formes de mobilité comme l’autopartage, et à l’apparition sur les routes des véhicules autonomes aussi efficaces pour lutter contre les accidents de la route et permettre aux personnes malvoyantes de retrouver plus de liberté dans leurs déplacements, assurent leur avenir. Non pas comme un objet high-tech de plus et un peu artificiellement promu auprès des consommateurs, mais bien comme une solution viable au service de la transition énergétique et à exploiter de façon multiple et de manière transversale.
Economique
Sur la question du budget, l’Ademe ne peut que se répéter : « si, à l’achat, le véhicule électrique reste globalement plus cher qu’un véhicule thermique, son usage permet des économies significatives car le coût de l’électricité, de l’entretien et généralement de l’assurance sont moindres ». Elle s’appuie sur cet équilibre pour appeler à s’écarter des risques de dépendances des électromobiliens à des systèmes qu’elle a identifiés et qui pourraient être détournés au profit d’entreprises privées. Voilà pourquoi elle se prononce en faveur d’une « plateforme publique européenne d’échanges d’informations permettant un accès universel aux données de l’écosystème électromobile sur l’ensemble des territoires ».
Ecosystème électromobile ?
« L’électromobilité se conçoit comme un écosystème à part entière, qui associe constructeurs automobiles, opérateurs de recharge, fournisseurs de services, utilisateurs… Il s’agit d’une véritable filière dont la pertinence économique et la viabilité environnementale devront apparaître dans une approche systémique », précise dans son résumé l’Ademe. Et pour le détail, l’idéal, quand on s’intéresse de près à la mobilité électrique, est de parcourir les 12 pages de l’avis publié en ce mois d’avril 2016 par l’agence. Même en diagonale, sa lecture permettra de retenir l’essentiel des idées fixées sur le document.
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