Dans le cadre de l’Observatoire des mobilités actives créé en 2010, le Club des villes et territoires cyclables a mené sa petite enquête en 2016, qui confirme la place croissante prise globalement par le vélo dans les villes, souvent au détriment de la voiture. Et ce conformément aux politiques locales prises par les collectivités en faveur de la mobilité active, qui portent leurs fruits « dans un contexte budgétaire contraint en raison de la diminution sans précédent des dotations d’Etat depuis trois ans ».
Tous les compteurs en hausse
Sur le terrain, les politiques locales prises par les collectivités pour le développement de la mobilité douce se traduisent, depuis 2013, par l’augmentation significative de la part de la voirie aménagée (de 21 à 27%), de l’offre de stationnement (+19% en nombre de places), notamment près des gares, et du budget vélo moyen annuel par habitant qui s’élève désormais à 7,70 euros (depuis 2,40 euros pour les communes de 50.000 à 100.000 habitants, jusque 10,10 euros pour celles de plus de 250.000) contre 5,8 euros en 2013. A tel point que « 100% de la voirie accessible au vélo est désormais un objectif très réaliste ! », estime le Club des villes et territoires cyclables qui a mené son enquête auprès de 30 communes et autant de groupements de communes.
Dispositifs
Si les communes de plus de 250.000 habitants sont les plus à la pointe pour favoriser le développement du vélo, c’est aussi parce qu’elles ont toutes mis en place un schéma directeur d’aménagements cyclables, appliquent les dispositions vélos de l’article 12 du PLU, et sont les plus nombreuses à disposer d’une charte des aménagements cyclables (71%). A l’autre bout, les communes de moins de 50.000 habitants affichent, pour les mêmes dispositifs, un taux respectif des 63, 89 et 13%. Des disparités qui se retrouvent dans l’existence de subventions aux associations locales de cyclistes urbains, pour 75% des collectivités les plus peuplées, contre 43% pour les plus petites interrogées.
Voirie aménagée
Mais attention, si certains chiffres semblent mettre en avant les collectivités de plus de 250.000 habitants, d’autres donnent une tout autre image. Ainsi, la part aménagée sur la voirie disponible passe de 22 à 29% sur les premières entre 2013 et 2016, mais de 26 à 36% pour celles de moins de 50.000 habitants. C’est en fait la tranche 50.000-100.000 qui est la plus performante, avec une hausse de 31 à 38%. Si l’on torture encore un peu plus les chiffres afin d’en déduire le nombre de kilomètres aménagés sur voirie pour 1.000 habitants, ce sont les collectivités comptant moins de 50.000 habitants qui sont sur la plus haute marche, passant de 1,50 à 2,02 km entre 2013 et 2016, quand ce sont celles entre 100.000 et 250.000 qui ferment la marche : de 0,62 à 0,87 km. Quoi qu’il en soit, tous les compteurs sont à la hausse, pour toutes les catégories de communes et groupements de communes !
Des progressions étonnantes
En matière de part aménagée sur la voirie disponible, on assiste à quelques progressions étonnantes. Ainsi l’agglomération de Grenoble (38) passe de 25% à 59% suite à la généralisation du 30 km/h à l’échelle métropolitaine. Cette action, la ville de Sceaux (92) s’est également investie dedans, offrant aujourd’hui un score de 94%, dépassant les 2 précédentes communes les mieux placées lors de l’enquête précédente, Lanester et Lorient (56), qui progressent cependant encore en 2016, avec respectivement près de 85% et 83% de voirie aménagée. Autre exemple porteur : Bourg-en-Bresse (01) est partie de presque rien pour dépasser la barre symbolique des 20%. L’enquête du Club des villes et territoires cyclables distingue également les évolutions remarquables des agglomérations de Bordeaux (33), Brest (29), Dijon (21), La Rochelle (17), et Nancy (54).
Evolution de la structure des linéaires cyclables
L’association a remarqué « une évolution significative de la structure des linéaires cyclables », qu’elle présente ainsi : « Pour la première fois, les aménagements cyclables ne sont plus majoritairement constitués d’aménagements séparatifs sur voirie à 50, 70 et 90 km/h en 2016, au profit d’une croissance significative du poids des zones 30 ». Ainsi, les zones de rencontre ont doublé depuis la précédente enquête, « tout particulièrement dans les moyennes et grandes agglomérations ». Celle pour 2016 met au jour que « les collectivités utilisent la palette des outils pour rééquilibrer l’espace public au profit des modes non-motorisés en déployant des zones de circulation apaisée et en réduisant la place de la voiture en ville : réduction du nombre de files de circulation, suppression de carrefours à feux… ».
Une autre façon de penser l’aménagement
« L’état des lieux 2015-16 met en évidence la diffusion dans les territoires d’une autre façon de penser l’aménagement urbain qui donne la priorité à la fluidité des mobilités actives, à la mobilité des personnes souffrant de handicap et à la qualité de la vie locale », affirme l’enquête. A disposition des collectivités pour aménager leur territoire en faveur des cyclistes : les double-sens cyclables (progression de 26% dans les communes et les agglomérations déjà dotées), le sas cycliste (94% des répondants l’utilisent), le cédez-le-passage cycliste au feu (en œuvre dans la moitié des collectivités qui ont répondu à l’enquête), une meilleure offre de stationnement. Concernant cette dernière, si les arceaux représentent toujours la solution la plus déployée, l’augmentation de la part de l’offre en garages à vélo dans les gares est intéressante, qui passent de 29,2 à 37,3%. Egalement les locaux sécurisés dans les parcs de stationnement auto qui progressent de 5 points.
Offre de service
Actuellement, 62% des collectivités de plus de 250.000 habitants, contre seulement 13% de celles de moins de 50.000, ont mis en place un plan de déplacement d’administration à l’intention de leurs agents et sont respectivement 15 et 13% ans ces tranches à projeter de le faire. L’enquête montre une faible évolution à ce sujet. Avec bien moins de disparités, « la mise à disposition de vélos pour les agents est davantage répandue et concerne 80% des collectivités interrogées », une pratique « en nette progression par rapport à 2013 ». Effectif matériel moyen : 5,1 vélos pour 100 agents. La présence de systèmes de location en libre-service dépend étroitement de la taille des collectivités. Une telle offre est présente dans 85% de celles de plus de 250.000 habitants, mais seulement à 48, 20, et 11%, respectivement dans les communes et groupements de communes de 100.000-250.000, 50.000-100.000 et moins de 50.000 habitants.
Le VAE et les aides
Aucune des collectivités interrogées par le Club des villes et territoires cyclables n’a mis en place un programme d’aide à l’achat de vélos classiques. Certaines l’on fait pour des modèles pliants. Ainsi, 8% des communes et groupements de communes de plus de 100.000 habitants. En revanche, toutes les tranches sont représentées lorsqu’il s’agit de pousser les vélos à assistance électrique, avec des subventions qui varient de 20 à 40% du prix des engins. Ce sont 15% environ des collectivités de plus de 100.000 habitants, mais 40% de celles de 50.000 à 100.000, et 33% de celles de moins de 50.000. Les rédacteurs de l’enquête s’appuient sur une étude de l’Ademe pour affirmer qu’un « abonné à un service de location longue durée de VAE sur 6 se sépare d’une voiture suite à la location, et 1 abonné sur 10 dans le cas de la location de vélos classiques ».
Conclusion des rédacteurs
« La seconde moitié du mandat municipal doit être l’occasion d’accélérer la mise en œuvre de l’intermodalité et des services vélo pour atteindre les objectifs de la stratégie de développement de la mobilité propre qui prévoit un report modal important de la voiture solo vers les modes actifs et une augmentation de la part du vélo de 2,7% (en 2008, en nombre de déplacements dans les transports de courte distance) à 12,5 % en 2030 ».
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