A l’Avem, nous attendons chaque mois les chiffres des ventes et nouvelles immatriculations de véhicules électriques afin de constater leur progression. Après 3 années plutôt encourageantes, nous ressentons bien qu’il existe des entraves qui pèsent encore trop lourdement sur le développement de l’électromobilité. La perspective d’un marché composé de nouveaux modèles dotés d’une meilleure autonomie y est bien sûr pour quelque chose. Dans la bouche de ceux qui restent fidèles actuellement aux motorisations thermiques, on évoque aussi beaucoup un maillage en bornes de recharge perçu comme peu rassurant.
Un maillage qui se développe
Chaque année, de nouveaux territoires s’équipent en bornes de recharge pour véhicules électriques est hybrides rechargeables, d’autres complètent le leur pour une plus grande efficacité. S’il existe encore trop de déserts, le maillage national n’aura jamais été aussi dense. Pour preuve, les rallyes de promotion des véhicules électriques qui se multiplient, s’appuyant sur les bornes déjà en service. Les syndicats de l’énergie sont de plus en plus nombreux à être moteurs sur le sujet, après avoir parfois perdu du temps, beaucoup de temps, à compter sur les promesses faites par Bolloré, non tenues à ce jour, pour des raisons de retours sur investissements qu’il ne voit plus avec le scénario initial.
Jeune permis
Nous avons plutôt l’habitude d’interroger des propriétaires satisfaits de leurs véhicules électriques. Aujourd’hui, nous donnons la parole à quelques automobilistes qui restent dubitatifs sur la question ou ont renoncé à l’électromobilité. Avec tout juste le permis en poche, Clément vit encore chez ses parents, utilisateurs au quotidien, depuis une dizaine d’années, de voitures électriques. « Mon père a amené la mobilité électrique chez nous avec une Peugeot 106, avant de craquer pour une iOn puis un Kia Soul EV », explique le jeune adulte. « Je sais qu’il trouve cela désolant, mais je viens d’acheter une Renault Twingo à essence », révèle-t-il. « Je suis encore trop souvent témoin des galères que rencontrent mes parents lorsqu’ils se déplacent loin avec une de leurs voitures électriques », poursuit-il.
Comparaison
Clément compare : « Pour encore quelques modèles de voitures électriques vendues neuves actuellement, on s’élance sur les routes, batteries pleines, avec une autonomie qui correspond à peu près à celle d’une voiture à essence quand la jauge commence à entamer la réserve ; ce qui a toujours stressé mes parents lorsqu’ils avaient à se déplacer à plus de 100 kilomètres de la maison ». Et concernant les bornes de recharge ? « Ils n’ont jamais vraiment connu la panne d’électricité, arrivant toujours à trouver une prise pour se dépanner avant qu’il ne soit trop tard », reconnaît-il. « Mais il reste le plus souvent l’incertitude de tomber sur une borne hors service ou bloquée d’une manière ou d’une autre, ne serait-ce qu’à cause de la multiplicité des badges à avoir avec soi. Quand on commence à rechercher une station-service pour faire le plein du réservoir en essence ou en gazole, on a souvent de quoi parcourir encore 100 ou 150 kilomètres, – voire plus -, en tout cas suffisamment pour en rejoindre d’autres sans stress si la première qui se présente est fermée ou en rupture de stock ; alors qu’avec une voiture électrique, si la borne de recharge n’est pas accessible, il ne reste souvent pas assez d’énergie pour arriver jusqu’à une autre », déplore-t-il. « Si j’allais jusqu’au bout de ma comparaison, je dirais que dans une station-service on trouve de l’essence et du gazole, alors que dans une station de recharge, la borne n’est pas toujours exploitable pour la voiture électrique que l’on conduit », certifie-t-il.
Retraités
Maryse et René sont à la retraite depuis presque 10 ans. Parents d’une femme active qui roule en voiture électrique pour la troisième année consécutive, et passionnée par l’électromobilité au point d’avoir réussi à convertir quelques personnes de son entourage, ils sont sur le point d’acheter une voiture neuve. « Ce ne sera hélas pas une voiture électrique », confie Maryse. « J’aurais pourtant bien aimé, mais nous nous rendons environ une fois par mois chez notre fils, à 250 kilomètres de chez nous, et le trajet ne rencontre pas beaucoup de bornes de recharge, et aucune pour la recharge rapide adaptée au modèle que nous aimerions acheter », témoigne-t-elle. « Pourtant, nous nous intéressons beaucoup à la question et avons accompagné notre fille quand elle a essayé les Renault Zoé, Nissan Leaf et BMW i3 », assure-t-elle. « Ce sera certainement la dernière voiture neuve que nous achèterons. Nous aurions bien aimé acquérir une Nissan Leaf pour avoir l’impression de faire quelque chose pour la planète, mais avec le risque de nous retrouver bloqués à cause d’une borne de recharge en panne, nous avons abandonné ce projet, retardant déjà de 2 ans le remplacement de notre vieille voiture diesel », complète René.
Elle abandonne la voiture électrique
A 45 ans, et après 5 années à utiliser une voiture électrique, Sandrine vient d’investir dans une voiture thermique bicarburation : essence et GPL. « Je n’ai pas le choix : je jette l’éponge après avoir possédé une Renault Zoé, puis une Nissan Leaf, et converti une amie et une cousine aux véhicules électriques », lance-t-elle, un peu amère. « J’ai beaucoup aimé rouler au quotidien en voiture électrique, mais je dois me rendre à l’évidence, mon style de vie n’est pas compatible avec l’électromobilité ! ». Des déplacements trop lointains ? « Non, j’habite en location, dans des copropriétés, et dois changer régulièrement de région », avoue-t-elle. « C’est trop difficile et compliqué d’avoir une voiture électrique dans de telles conditions : souvent pas de bornes de recharge à proximité de l’appartement, un délai trop important pour obtenir un raccordement qui présuppose de disposer d’une place de parking attitré », liste-t-elle.
Perfectible
En 3 témoignages, on peut lister les principales imperfections du réseau de recharge susceptibles de ralentir les ventes de véhicules électriques. Pour les gommer, quelques solutions possibles ou scénarios idéaux à privilégier : un maillage plus dense, des stations efficaces pour toutes les voitures électriques, des bornes doublées, un réseau accessible avec un minimum de badges et/ou la carte bancaire, des offres rapides à mettre en place et portables pour la recharge en copropriété. Quelles que soient les autonomies améliorées dont disposeront les prochaines voitures électriques, les attentes autour d’un réseau de recharge fiable, disponible et efficace seront toujours très importantes. Actuellement, encore trop d’automobilistes sont découragés par l’état actuel de son développement. Une situation qui nuit aux ventes des véhicules électriques.
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