Terres et minerais rares, recyclage des batteries, provenance de l’électricité pour les recharger, émissions de polluants à la construction, libération de particules fines à l’utilisations : Les défis à relever par les industriels pour que la voiture électrique soit distinctement plus vertueuse que les modèles thermiques sont divers et épineux. Dernier en date à animer les débats autour de la mobilité branchée : la pollution due à l’abrasion à l’œuvre dans les systèmes de frein et par frottement des pneus sur le sol. Le spécialiste en dispositifs de filtration Mann+Hummel a mis au point une solution qui va être éprouvée sur 5 StreetScooter, ces engins électriques, – au look de Peugeot 202 U fourgon « Paquet de tabac » -, utilisés par le groupe Deutsche Post DHL.
Particules fines
Il semble paradoxal d’imaginer que des voitures électriques puissent émettre plus de particules fines sur leur passage que des véhicules diesel d’une taille équivalente. Et pourtant ceux qui défendent cette idée se basent la plupart du temps sur différents arguments, parmi lesquels le poids des batteries qui provoquerait un surplus d’émission au niveau des frottements des pneus sur la route, et des équipements de dépollution des moteurs thermiques de plus en plus efficaces. « Selon une étude menée en Allemagne par Bosch, les émissions de particules par les moteurs représentent 6,82 kilotonnes par an, l’équivalent des particules rejetées par les cigarettes (6,11 kilotonnes), alors que les particules liées à l’abrasion des freins et des pneus représentent 21,61 kilotonnes par an », écrivait Luck le 19 septembre dernier en commentaire à l’un de nos articles. Plus tôt dans l’année, le 5 février 2017, Christophe déposait cette réaction : « Sur les voitures récentes, la pollution par l’usure des pneus, des freins et de l’abrasion des routes devient prépondérante et plus particulièrement sur les plus lourdes avec des pneus dimensionnés en conséquence ».
Spécialiste de la filtration
En cherchant sur le site de l’Avem, ou ailleurs sur la Toile, on doit retrouver de la main de notre lecteur assidu Christophe quelques simulations qui tendent à montrer qu’un véhicule électrique peut relâcher davantage de particules fines qu’un équivalent diesel très récent. Le système que Mann+Hummel cherche à mettre au point avec StreetScooter et le groupe Deutsche Post DHL n’est donc pas à voir comme un gadget, et cette problématique de l’abrasion causée par le fonctionnement des véhicules, quelque soit les sources d’énergie qui les animent, est loin d’être anecdotique. Au contraire, il s’agit d’un problème majeur qui pèse lourdement dans les dizaines de milliers de décès prématurés évalués en France, et qui concerne aussi les transports en commun, et en particulier le métro. Outre-Rhin, les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) font état d’environ 47.000 personnes qui meurent chaque année des effets des particules, avec, comme point critique parmi d’autres, la ville industrielle de Stuttgart. Les recherches et expérimentations menées par les 3 partenaires allemands pourraient avoir, en cas de succès, des applications très larges pour la mobilité.
Filtres et ventilateurs
L’évocation de la Peugeot 202 à la sauce utilitaire dans l’introduction du présent article à une double valeur symbolique. Outre sa ressemblance frappante avec les StreetScooter, elle a été produite de 1938 à 1949. C’est dans ce créneau, en 1941 plus exactement, que l’histoire de l’entreprise Mann+Hummel commence. Véritable spécialiste des systèmes de filtration, le nom est particulièrement connu des accessoiristes et garagistes en automobiles pour ses filtres à air et à huile. Quand il s’agit d’attirer et retenir les particules fines, il faut plus que de petites cartouches qui reposent sur un peu de matière fibreuse. Deux gros ventilateurs sont chargés de diriger l’air ambiant vers un conséquent système de filtration active, dont nous n’aurons pour l’instant pas plus de détail. Ce que l’on sait, c’est que l’ensemble est dimensionné pour retenir autant de particules que celles produites par l’abrasion des pneus, des freins et des routes causée par l’engin qui le porte. Ce ne sont donc pas ses propres émissions qui sont traitées, mais les poussières en suspens dans l’air, qu’elles soient ou non laissées par la circulation des véhicules. En outre, même quand la voiture qui est équipée du système est à l’arrêt, le travail de purification de l’air peut être en fonction.
Une efficacité surveillée
Mann+Hummel préconise de fixer son système au niveau de l’essieu arrière, ce que permet aisément le StreetScooter. Pourquoi un tel placement ? Pour 2 raisons : être exposé à une hauteur où la concentration en particules fines est la plus grande, et ne pas réduire l’espace à bord des véhicules. L’équipementier allemand indique que « tous les filtres à particules sont équipés de capteurs qui permettent la surveillance en ligne de l’efficacité des systèmes ». Il s’agit de recueillir des informations sur les performances de filtration, la quantité d’air nettoyé, la concentration de particules et des éléments météorologiques. Toutes ces données sont ensuite visualisées via une application Web puis analysées par des experts en filtration. Dans un premier temps, pour des besoins de tests en situation réelle, ce sont 5 StreetScooter qui seront équipés du module de filtrage, chacun circulant dans le centre d’une grande ville allemande. Si les essais sont concluants, le procédé serait produit en série.
Zéro émission
Avec un appareil efficace, le StreetScooter décrocherait le titre de « Première voiture de série à être véritablement zéro émission à l’usage » : pas de particules, mais également pas de dioxyde de carbone, ni d’oxyde d’azote, ni de bruit. Cette distinction ne devrait cependant pas faire oublier la raison d’être du dispositif : réduire les particules fines qui posent un véritable problème de santé publique. C’est pourquoi il serait dommage de le limiter aux 5.000 véhicules de livraison StreetScooter utilisés par le groupe Deutsche Post DHL, ou même à tous les exemplaires commercialisés par le constructeur, ou encore aux seuls véhicules électriques. Son usage sera d’autant plus efficace et convaincant que l’appareil sera installé en grand nombre sur les véhicules, y compris ceux à moteur thermique. Mann+Hummel ne communique pas sur un point très important : l’entretien du système ! Aux défenseurs des restrictions d’accès imposées de plus en plus aux automobilistes, Werner Spec, maire de Ludwigsburg où est implanté le siège de l’équipementier allemand, répond : « Le projet présenté par les trois partenaires est une mesure beaucoup plus efficace et intelligente qu’une interdiction de circulation ! ».
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !