L’Allemagne, l’Espagne, la Hongrie, l’Italie, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovaquie et la République tchèque partagent le sort de la France, tous pointés par Bruxelles pour dépassements réguliers et depuis plusieurs années des limites d’émissions fixées en dioxyde d’azote et particules fines PM10. Un compte à rebours de 10 jours a été enclenché, qui déterminera si des sanctions sont appliquées ou non à ces 9 pays.
400.000 décès prématurés
Quand Bruxelles se fâche, l’argumentaire qui justifie cet emportement est en général plutôt costaud. Les 9 ministres de l’Environnement, – dont Nicolas Hulot pour la France -, auront entendu que la mauvaise qualité de l’air est responsable sur le territoire de l’Union européenne de plus de 400.000 décès prématurés. Un fléau qui pèserait plus de 20 milliards d’euros chaque année. Le secteur du transport n’est pas le seul impliqué. Le chauffage au bois, y compris un certain nombre de nouvelles technologies, l’exploitation du charbon, l’industrie, le BTP, etc. sont sur la sellette.
A l’amende ?
Cela fait des années que plusieurs pays ont reçu des rappels sur le sujet, présentés comme les derniers avant sanctions financières. Jusqu’à ce jour, seules la Pologne et la Bulgarie en ont réellement fait les frais. Mais la toute récente convocation des ministres de l’Environnement, datée de mardi dernier, 30 janvier 2018, pourrait bien peser lourd sur les citoyens. A la suite de nos articles présentant les incitations gouvernementales à l’achat des véhicules électriques, dont les vélos à assistance, se trouvent des commentaires qui condamnent cette utilisation des deniers publics. Il apparaît très clairement désormais que sans de telles actions, la situation serait plus catastrophique encore pour la France.
Pleine justification des aides
A travers le prisme des exigences européennes, ces aides sont pleinement justifiées. Même pour l’achat d’un vélo à assistance électrique ! Bien sûr, puisque de plus en plus d’automobilistes troquent leur voiture contre un vélo pour aller au travail, qu’il soit on non assisté électriquement, d’ailleurs. A travers de réguliers appels d’offres, l’Ademe encourage le financement et le développement des modes de transport vertueux, qu’ils soient électriques ou au gaz naturel. Il paraît insensé de ne faire peser que sur une seule source d’énergie toute la mobilité de demain. Le GNV, par exemple, apparaît comme une solution de plus en plus incontournable pour la mobilité des camions et des véhicules lourds de transport en commun. L’hydrogène, aussi, qui permet d’exploiter une chaîne de traction électrique sans avoir à embarquer plus de 2 tonnes de batteries.
Décourageante fiscalité
En revenant de Bruxelles, Nicolas Hulot semblait confiant, estimant que son plan climat est de nature à rassurer les instances européennes. Et c’est principalement ce programme qu’il opposera dans désormais moins de 10 jours comme solution principale pour que la France respecte ses engagements en matière d’émissions de polluants. Le plan compte 2 mesures phares. La première, c’est l’alignement de la fiscalité gazole sur l’essence. On en parle depuis des années, mais est-ce vraiment suffisant ? Non, si l’on estime que la consommation d’un véhicule diesel est le plus souvent de plusieurs litres inférieures à celle de son équivalent alimenté à l’essence ! A l’opposé, il serait délicat de rendre plus lourde cette fiscalité pour le carburant historique des camions. Nécessaire a minima, mais pas révolutionnaire, cette mesure ! Bien sûr, les automobilistes français sont exaspérés par le côté erratique des politiques publiques successives qui s’appliquent à leur mobilité sans s’inscrire dans la durée. Pour autant, on surprend encore trop souvent des voitures dont le moteur tourne à l’arrêt pendant de longues minutes uniquement pour désembuer ou dégivrer le pare-brise, faire monter le moteur en température pour débuter un trajet à bord d’un habitacle bien chaud, ou entretenir ce confort le temps d’aller chercher une baguette, le journal ou un paquet de cigarettes. Les automobilistes ne sont pas les seuls à être épinglés de la sorte. On observe ce même phénomène dans les gares routières, ou aux abords des entreprises lorsqu’un transporteur décharge sa cargaison ou attend un signal d’un préposé à la logistique pour entrer dans l’enceinte du site.
Fin du thermique en 2040 ?
Notre ministre de l’Environnement, – qui n’est pas forcément mécontent du rappel de Bruxelles, puisque cet événement justifie une politique écologique plus ferme encore -, espère aussi beaucoup de son scénario vers 2040 d’abandon des véhicules thermiques. Oui mais là, attention, car notre gouvernement, comme ceux d’autres pays, risquent bien d’envoyer un faux message aux constructeurs ! Au côté de l’électrique, à batterie de traction ou pile hydrogène, le GNV est désormais élevé au rang de solution incontournable à la mobilité durable de demain. Que sont les moteurs qui exploitent ce carburant, si ce ne sont des blocs thermiques ? Tout comme il existera des camions qui embarqueront des packs volumineux de batteries, il ne fait plus aucun doute que des voitures particulières et des utilitaires légers rouleront aussi au GNV. Il devient donc urgent, pour la crédibilité des scénarios officiels de mobilité vertueuse, de communiquer autrement sur l’échéance 2040. Il ne s’agirait donc pas de la fin des ventes des véhicules thermiques, mais de l’abandon de modèles fonctionnant exclusivement à l’essence et au gazole.
L’effort de chacun
Beaucoup trop d’automobilistes, – et l’on pourrait dire la même chose des résidents qui tardent à opter pour un mode vertueux de chauffage -, attendent les fameuses aides à la conversion avant de modifier leurs habitudes en matière de mobilité. Plus les déplacements seront doux pour l’environnement, plus on aidera les politiques publiques à faire rentrer la France dans les clous des exigences européennes dictées par le désastre de santé public auquel nous assistons. La marche, le vélo, les petits engins de mobilité douce, – électriques ou non -, les transports en commun, les véhicules branchés, etc. : plus que jamais il est nécessaire d’employer les modes de transport qui conviennent le mieux, et toujours les moins agressifs en termes de pollution. Aux organisateurs des services de transport en commun d’imaginer des solutions acceptables et efficaces pour que leurs offres soient séduisantes et vivables au quotidien. Les usagers constatent hélas trop souvent une dégradation d’ensemble : horaires modifiés, dessertes supprimées, durées de voyage allongées, celles d’attente des rames en gare ou station raccourcies, correspondances périlleuses, véhicules bondés, tarifs dissuasifs, communication déroutante, etc. Pour que la France ne soit pas mise à l’amende par l’Europe, ce n’est pas que l’affaire de l’Etat : c’est aussi celle de chacun des citoyens et de chacune des entreprises au sens large (privée, publique, collectivités et associations) !
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