Portée par son charismatique patron, Tesla fait régulièrement la Une de l’actualité. Après une période euphorique durant laquelle le cours de ses actions s’est envolé, ces derniers temps sont plus difficiles pour de la firme californienne. En refusant de répondre à certaines de leurs questions, Elon Musk s’est mis à dos les analystes financiers et la sanction n’a pas tardé à Wall Street où le cours de bourse s’est effondré. Si la demande est là pour la Model 3, la production ne suit toujours pas à un rythme suffisant et beaucoup doutent désormais de la pérennité de l’entreprise. Petite éclaircie sur ce front de mauvaises nouvelles, l’ouverture de son réseau de Superchargeurs pourrait permettre à Tesla de trouver de nouvelles ressources, tout en réjouissant de nombreux possesseurs de véhicules électriques.
Elon Musk se met à dos les analystes financiers
C’est le 2 mai, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats financiers de Tesla, qu’Elon Musk a sèchement éconduit les questions de deux analystes qu’il ne jugeait « pas cool mais ennuyeuses, voire ridicules ». Ces questions portaient pourtant sur de vrais sujets d’actualité en interrogeant le patron de la marque sur le carnet de commandes de la Model 3 et les besoins de financement de Tesla. Les investisseurs n’ont pas apprécié ce dédain affiché par Elon Musk et, dès le lendemain à Wall Street, le cours de l’action de la firme californienne plongea de 5%. Depuis, Elon Musk a fait amende honorable en admettant qu’il avait été « stupide » en refusant de répondre en direct aux questions des analystes financiers, surtout après la publication par le constructeur de la plus lourde perte trimestrielle de son histoire. Car si Tesla ne brule pas d’essence, elle consomme par contre beaucoup de cash (700 millions de dollars au cours des 3 derniers mois). La firme de Palo Alto cultive aujourd’hui le paradoxe d’être la plus forte capitalisation boursière du secteur automobile, tout en étant dernière dans les classements de rentabilité.
Tesla au bord de la faillite ?
Cette situation n’est pas sans risque au point que bon nombre d’observateurs s’interrogent aujourd’hui sur la viabilité de l’entreprise. Déjà menacée de faillite en 2008, Tesla avait alors été sauvée par de multiples levées de fonds obtenues grâce à l’image charismatique d’Elon Musk qui avait réussi à convaincre de nombreux investisseurs de croire à son projet sur le long terme. Mais aujourd’hui le niveau de sa dette est abyssal et continue d’augmenter pour payer les frais financiers et satisfaire des besoins d’investissements énormes. Selon le journal Bloomberg, Tesla sera prochainement confrontée à deux très lourdes échéances de remboursement (230 millions de dollars en novembre et 920 millions de dollars en mars 2019). Si elle ne parvient pas à y faire face, elle se retrouvera alors à une période cruciale de son histoire. Comme Tesla perd aujourd’hui de l’argent sur chaque voiture produite et vendue, elle sera sans doute contrainte à procéder rapidement à de nouvelles levées de fonds même si Elon Musk prétend le contraire. Même si les investisseurs ont beaucoup à perdre en cas de faillite de l’entreprise, on peut légitimement se demander jusqu’à quand ils la soutiendront. Quoiqu’il en soit, Tesla a tout intérêt à régler au plus vite ses problèmes de production.
Les limites de l’automatisation de ses usines
En effet aujourd’hui les soucis de Tesla ne viennent pas des ventes de ses modèles et le constructeur serait même victime de son succès. Plusieurs centaines de milliers de Model 3 ont déjà été précommandées mais la production ne suit pas et les retards de livraison s’accumulent. Alors que le rythme hebdomadaire de production devait être de 5 000 exemplaires fin 2017, seulement 2 000 Model 3 sortent aujourd’hui chaque semaine de l’usine de Fremont. Tesla, qui n’est pas un constructeur automobile historique, touche du doigt les problèmes d’une production de masse. Là encore, Elon Musk vient de faire son mea culpa en admettant que l’automatisation excessive de son usine avait été son erreur et que l’introduction massive de technologies de pointe, tant dans le véhicule que dans la production, aurait dû se faire par étapes. Il tente de reprendre directement les choses en main et n’a pas hésité à arrêter par deux fois les chaînes de production afin d’améliorer l’automatisation et de résoudre les problèmes de goulots d’entraînement. Il annonce également le recrutement de plusieurs milliers de personnes pour atteindre un nouvel objectif de production de 6 000 voitures/semaine d’ici la fin du mois de juin. Une mesure qui accroîtra encore l’endettement du constructeur.
Vers une ouverture du réseau des Superchargeurs Pour trouver de nouvelles ressources, Tesla songe à ouvrir à d’autres voitures que les siennes son réseau de Superchargeurs, le plus performant et le plus étendu d’Europe avec 400 stations à ce jour. L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle puisque, dès 2014, Elon Musk s’était dit ouvert à ce que d’autres constructeurs puissent accéder à ses bornes de recharge rapide. A condition cependant qu’ils s’acquittent d’une redevance et adaptent leurs modèles au système particulier de Tesla. Si les Superchargeurs disposent de prises de type 2, ils fournissent du courant continu alors que les voitures de la plupart des constructeurs demandent du courant alternatif. Aujourd’hui on est toujours au stade de l’idée, mais celle-ci pourrait bien être en train de prendre corps. Le rapprochement pourrait s’opérer autour du réseau de charge ultra-rapide Ionity créé principalement à l’initiative des constructeurs allemands (BMW, Daimler, Volkswagen). Un réseau qui devrait compter 400 stations d’ici à 2020 et que Tesla pourrait bien rejoindre. Peu probable pour l’instant que l’un des deux réseaux change toutes ses prises, mais la solution pourrait venir d’un adaptateur qui permettrait aux voitures de se recharger.
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Constructeurs, importateurs, collectivités, entreprises ou particuliers, rejoignez-nous et bénéficiez des nombreux avantages accordés à nos membres.
Vous souhaitez rester au courant des dernières nouveautés et recevoir une notification dès qu'un article est publié, inscrivez-vous à notre newsletter !