← Revenir aux actualités

Pollution. La Californie barre la route à l’administration Trump Rédigé par Philippe Schwoerer le 04 Mai 2018 à 00:00 0 commentaires

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire à nouveau le signal d’alarme avec un bilan qui fait état de 7 millions de morts à cause de la pollution de l’air dans le monde en 2017, le gouverneur de Californie poursuit la fronde qui compte bien réduire à néant l’attaque de l’administration Trump contre les normes antipollution mises en place en 2012 par son prédécesseur, Barack Obama.

Climatosceptique

Depuis que Donald Trump à dénoncé l’Accord de Paris ratifié dans le cadre de la COP21, le monde se désole des annonces, décisions et tentatives successives prises par son administration pour donner du mou à l’industrie américaine. Pour rappel, à horizon 2025, les voitures et camions devraient pouvoir parcourir 55 miles par gallon d’essence, soit 23,4 kilomètres par litre. Ce qui équivaut à une consommation maximum de 4,27 litres aux 100 km. Ces chiffres forment une moyenne pour l’ensemble des véhicules concernés vendus dans l’année, les modèles électriques, par exemple, venant modérer l’appétit des plus gros engins. Cet objectif contraignant défini sous la présidence d’Obama, le climatosceptique Scott Pruitt, nommé par Trump à la tête de l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement (EPA), espère bien s’en débarrasser une bonne fois pour toute.

Depuis la Californie

Gouverneur de Californie depuis 2011, Jerry Brown a lancé 2 ans plus tard une feuille de route par laquelle, à cette même échéance 2025, au moins 1,5 million de véhicules électriques devront être en circulation sur le territoire qu’il administre. Afin de marquer davantage encore son opposition aux idées de Donald Trump et Scott Pruitt, Jerry Brown a décidé en février dernier de donner un tour de vis supplémentaire en fixant un nouvel objectif : 5 millions de voitures électriques dans l’Etat en 2030. Dans le courant de ce mois de mai 2018, le dirigeant de l’EPA doit publier de nouvelles normes moins contraignantes. Le gouverneur de Californie vient d’avancer ses pions en publiant avant lui, il y a quelques jours, un communiqué par lequel il prévient : « La Californie fédère une coalition de 18 Etats qui poursuivent l’Agence fédérale de protection de l’environnement afin de conserver les normes automobiles nationales d’émissions dans l’air ». Jerry Brown détient donc un mandat qui pèse environ 140 millions d’américains, sur les 325 millions d’habitants que comptent les Etats-Unis.

2 objectifs à défendre

Le gouverneur de Californie ne mâche pas ses mots. Il estime que Scott Pruitt se mettrait « hors la loi » en révisant à la baisse les ambitions du Clean Air Act, alors que le rôle dévolu à l’administrateur de l’EPA lui impose de protéger la population américaine des effets de la pollution sur la santé publique. Par ailleurs, l’administration Trump souhaite également retirer aux Etats américains la possibilité d’édicter des normes plus strictes que celles formulées au niveau fédéral. Et cette disposition mise en péril, Jerry Brown y tient tout particulièrement. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est une carte maîtresse de son action. Les constructeurs en automobiles ne vont pas produire 2 gammes différentes de voitures pour les Etats-Unis : une qui s’inscrirait sans trop de difficultés dans les éventuelles nouvelles normes fédérales, et une autre dont les motorisations devraient répondre aux exigences plus contraignantes de la coalition d’Etats emportés par la Californie. De fait, avec environ 40% des américains derrière Jerry Brown, les industriels ont tout intérêt à le suivre, et ils le savent. On ne voit donc pas très bien ce qui pourrait empêcher le gouverneur de Californie de faire respecter les dispositions 2012 du Clean Air Act pour 2025, voire même de les accentuer… si ce n’est son âge : 80 ans depuis une quinzaine de jours. Espérons qu’il soit bien secondé !

300.000 décès prématurés

Le nouveau rapport de l’OMS, qui chiffre à 7 millions le nombre de décès prématurés en 2017 dus à la pollution de l’air, semble rendre compte d’une situation globalement moins alarmante aux Etats-Unis que pour la plupart des autres territoires. L’organisation estime que les Américains sont concernés à hauteur de 300.000 individus, à comparer aux 500.000 Européens, 1 million d’Africains et 2 millions de Chinois. Une répartition finalement rassurante pour Trump qui peut à loisir, en politique intérieure, prétendre que la nation qu’il dirige n’a donc pas de gros efforts à fournir par rapport à celles des autres continents. Toutefois, le président américain et son administration auront certainement des comptes à rendre un jour au sujet de leur implication dans la pollution de l’air. Le monde est de plus en plus à la recherche de coupables. Des compagnies pétrolières, par exemple, sont déjà inquiétées. Trump, avec sa manière tranchée de mener la bataille à contrecourant ne saurait passer éternellement entre les mailles du filet. La diplomatie internationale ne pourra éternellement le protéger, ce qu’elle fait quelque peu par la force des choses, sans le vouloir.

Facteur de risque majeur

En quelques lignes, que dit le nouveau rapport de l’OMS ? Tout d’abord que la pollution de l’air fait plus de morts que le sida, les accidents de la route, le diabète et la tuberculose réunis. Et que cette pollution est un facteur de risque majeur responsable de 70% des décès dans le monde, dans 29% des morts par cancer du poumon, 25% par accident vasculaire cérébral, 24% par infarctus et 43% des maladies pulmonaires chroniques comme l’asthme et les broncho-pneumopathies. Plus globalement, ce sont désormais 9 habitants de la planète sur 10 qui sont exposés régulièrement à un air environnant contaminé par de hauts niveaux de polluants.

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter