L’ADEME vient de rendre publique une étude, réalisée pour son compte par IFP Energies nouvelles, sur l’électrification des véhicules. Cette « Etude Economique, Energétique et Environnementale pour les technologies du transport français » (E4T) analyse les grandes tendances de l’électrification des véhicules, son efficacité et sa capacité à réduire les impacts environnementaux du transport. Depuis quelques années, et plus encore depuis l’annonce du plan Climat 2040 de Nicolas Hulot, la France est engagée dans une quête ambitieuse pour la réduction des Gaz à Effet de Serre. Premier secteur émetteur de GES avec presque 30% des émissions totales du pays, le secteur du transport va devoir accroitre ses efforts pour réduire son impact sur le changement climatique de même que sur la qualité de l’air. Dans ce contexte, l’électrification des véhicules ne devient plus une option mais une obligation pour pouvoir répondre aux enjeux climatiques et de santé publique. L’étude E4T a permis d’évaluer la viabilité économique des véhicules électrifiés d’ici à 2030, afin d’estimer leur rentabilité du point de vue du coût total de possession (TCO), tout en mettant en avant l’adéquation nécessaire entre usage et niveau d’électrification (dimensionnement des batteries) sous peine de ne pas obtenir les gains environnementaux escomptés sur l’ensemble du cycle de vie (incluant la production de l’énergie nécessaire au véhicule mais également à sa fabrication).
L’avenir s’obscurcit pour les véhicules thermiques
Le champ de l’étude E4T est assez vaste puisqu’il prend en compte à la fois les véhicules particuliers, les véhicules utilitaires, les poids lourds et les bus. Pour les véhicules particuliers, l’analyse s’est faîte segment par segment avec 3 gammes de véhicules : urbain (segment A), cœur de gamme (segment C) et haut de gamme (segment D). Chaque segment a été décomposé suivant différentes motorisations intégrant des taux d’électrification variables, du véhicule thermique au véhicule tout électrique, en passant par les véhicules hybrides et hybrides rechargeables. Les premiers résultats montrent que l’avenir des véhicules thermiques semble limité à l’horizon 2030. Le plan Climat fixe d’ailleurs l’objectif de mettre fin à la vente de voiture à essence ou au diesel en 2040. De son côté, l’Union européenne impose aux constructeurs des seuils d’émissions de plus en plus contraignants qui vont les pousser à intégrer davantage d’innovations sur leurs véhicules et motorisations. Hormis pour le segment poids lourd, la motorisation conventionnelle non hybride sera fortement concurrencée par les technologies électrifiées, que ce soit du point de vue de son TCO ou de son impact environnemental.
L’hybride rechargeable, une solution pertinente à moyen terme
Le véhicule électrique hybride rechargeable est lui considéré comme une solution écologiquement pertinente à moyen terme pour les particuliers. Sur des trajets quotidiens (inférieurs à 50 km), cette technologie améliore l’impact environnemental par rapport aux autres véhicules étudiés. Ceci grâce à la taille de la batterie, plus petite que celle d’un véhicule tout électrique, et à une utilisation intégralement en électrique sous condition d’assurer une recharge quotidienne. La solution hybride rechargeable possède alors tous les atouts pour réduire la pollution locale et les émissions de GES. Pour être totalement pertinente, le rapport indique que les véhicules devront aussi être utilisés très régulièrement de façon à amortir l’impact de la fabrication de la batterie. Il souligne également que le déploiement de cette technologie en grande série reste limité du fait du coût élevé de fabrication des batteries qui vient s’ajouter à celui d’une motorisation conventionnelle et d’incitation à l’achat réduite. Par contre, ce coût devrait se réduire fortement d’ici 2030, ce qui permettra de démocratiser cet usage et le rendre véritablement concurrentiel.
Le tout électrique souvent le mieux placé
Si les auteurs de l’étude semblent estimer que l’hybride rechargeable est à l’heure actuelle la solution la plus pertinente d’un point de vue écologique, le tout électrique est d’ores et déjà bien placé et devrait l’être encore plus à l’horizon 2030 lorsque la baisse du coût des batteries améliorera sa rentabilité économique. Dès aujourd’hui, les véhicules électriques constituent des solutions efficaces pour réduire la pollution locale et les émissions de GES, d’autant plus si elles sont très utilisées de façon à amortir l’impact de la fabrication de la batterie par l’usage. L’étude met cependant en exergue la tendance actuelle à l’accroissement de la taille des batteries pour augmenter l’autonomie des véhicules électriques particuliers, ce qui est préjudiciable pour l’impact environnemental de ces véhicules. Un autre domaine où le tout électrique devrait s’imposer en 2030 est celui des bus électriques. Certes, le bus électrique n’est pas aujourd’hui une solution économiquement intéressante et l’architecture hybride peut constituer une transition intéressante, mais il apparait déjà que les grandes agglomérations et les pouvoirs publics privilégieront le bus tout électrique dès qu’il sera économiquement viable. Ce devrait être le cas en 2030 où il devrait approcher voire dépasser les niveaux de rentabilité des solutions hybrides, d’autant plus si l’on arrive à limiter la taille de la batterie par l’utilisation de recharges intermédiaires.
D’autres solutions alternatives à étudier
Pour l’ADEME, si l’étude E4T a montré que l’électrification des véhicules aurait des effets bénéfiques pour la préservation de l’environnement, c’est avant tout un changement plus global des habitudes et le déploiement de services de mobilité adaptés aux besoins des utilisateurs finaux qui permettra de répondre aux défis environnementaux du transport. De nouvelles technologies de transport auxquelles pourront s’ajouter d’autres carburants alternatifs, sont à même d’accompagner ces transformations car elles permettent de répondre à chaque besoin par un type de transport adéquat, mais aussi de transiter vers de nouveaux modes de mobilité, plus fortement liés à l’usage qu’à la possession. D’ailleurs, si le projet E4T a déjà permis de dégager certaines tendances fortes, il apparait important pour l’ADEME de poursuivre cette démarche structurante en évaluant d’autres systèmes énergétiques à base d’hydrogène, de biocarburants ou de GNV. L’agence reconnait également que, pour aboutir aux conclusions et préconisations les plus solides possibles, il conviendra de redéfinir plus précisément l’usager ou le professionnel gestionnaire de flotte, ainsi que son usage annuel. L’étude E4T s’étant concentrée uniquement sur les usages réguliers et quotidiens des véhicules, excluant par là même les longs trajets qui sont pourtant appelés à se développer en tout électrique et sont déjà très fréquents en hybride rechargeable.
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