Le Salon de l’Auto de Shanghai se déroule jusqu’au 25 avril. Cette année la manifestation a attiré bon nombre de constructeurs occidentaux pour qui le marché chinois représente en enjeu stratégique majeur. C’est le cas de Renault qui ambitionne d’y vendre 550 000 voitures/an d’ici 2022, contre moins de 220 000 l’an dernier. Pour atteindre cet objectif, la firme au losange a encore beaucoup de chemin à parcourir mais elle entend mettre les bouchées doubles en prévoyant à cette échéance de commercialiser sur le marché chinois 9 véhicules en 2022 dont 3 électriques. Le fer de lance de cette offensive sera le Renault City K-ZE que le constructeur vient de présenter à Shanghai avant de lancer sa commercialisation en Chine à la fin de l’année. Il s’agit du premier véhicule 100% électrique du segment A du groupe Renault. Fabriqué en Chine et conçu spécialement pour le marché chinois, ce petit SUV urbain low-cost pourrait tout de même avoir un avenir hors de Chine, y compris en Europe.
Renault et la Chine : une vieille histoire
Même si le constructeur français souffre encore d’un manque de notoriété sur ce marché, la présence de Renault en Chine est une vieille histoire. Une histoire qui date de près d’un siècle et qui débuta en France où Deng Xiao Ping, le futur Secrétaire Général du Parti Communiste chinois, fut ouvrier ajusteur en 1925 au sein de l’usine Renault de Boulogne Billancourt. Dans les années 30, des châssis Renault étaient exportés dans l’Empire du Milieu, mais ce n’est que dans les années 90 que le groupe chercha à y développer une véritable activité commerciale, doublée d’une tentative d’implantation industrielle à travers des joint-ventures. Les résultats furent pour le moins mitigés jusqu’à la signature en 2013 d’un accord portant sur la création d’un nouveau joint-venture avec Dongfeng prévoyant notamment la création d’une usine à Wuhan. En 2017, une seconde co-entreprise avec Dongfeng vit le jour : eGT New Energy Automotive Co. Ltd dont l’objectif est d’accélérer les développements de technologies en faveur de la mobilité zéro émission. C’est sur cette entreprise que Renault s’est appuyé pour concevoir et produire le premier véhicule électrique qu’il commercialisera sous son nom en Chine.
Renault mise sur l’électrique pour percer sur le marché chinois
Comme l’a confirmé son Directeur Général Thierry Bolloré lors de la présentation du City K-ZE, Renault compte sur l’électrique pour marquer des points sur le marché chinois. Un marché qui, même s’il connait aujourd’hui un certain ralentissement, offre encore de belles perspectives de croissance, en particulier dans le domaine des véhicules électriques dont les ventes dans le pays ont doublé l’an passé pour atteindre près de 900 000 unités. Un marché dominé à 95% par les marques chinoises, mais qui commencent à s’ouvrir sans trop d’entraves aux constructeurs étrangers. Avec la City K-ZE, Renault entend s’imposer sur le segment A qui a représenté l’an passé en Chine 60% des ventes de voitures électriques. Pour grignoter des parts de marché face aux entreprises chinoises qui, sur ce créneau, négligent parfois la qualité, Renault souhaite faire fructifier son image de leader européen du véhicule électrique. Pour autant, pour être crédible sur ce marché, le groupe a besoin de vendre sa citadine électrique à un prix comparable à ceux des modèles proposés par les constructeurs locaux.
City K-ZE : un véhicule électrique low-cost, mais aux standards Renault Pour parvenir à proposer un véhicule électrique abordable, Renault s’est appuyé sur son savoir-faire des voitures low-cost, éprouvé notamment sur le marché indien avec la Kwid dont la City K-ZE est un peu la version électrique. Il a également tiré parti au maximum du partenariat entre Dongfeng et l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi pour concevoir et produire un véhicule avec des composants dont 95% viennent de Chine. Si Renault n’a pas encore révélé le tarif du City K-ZE, celui-ci devrait être inférieur à 10 000 euros. Une voiture donc low-cost mais qui, outre sa silhouette proche de celle d’un SUV, bénéficiera tout de même de standards de qualité élevés et sera à la pointe de la technologie sur son segment afin de conquérir le public des jeunes urbains. Elle sera notamment équipée d’un système interactif, doté d’un écran tactile 8 pouces, permettant aux passagers de rester connectés en permanence via une application. Des utilisateurs qui auront aussi accès à des offres de divertissement en ligne et à la reconnaissance vocale. Par contre, Renault n’a pas encore dévoilé les caractéristiques techniques de son moteur et de ses batteries.
Un avenir hors de Chine pour le City K-ZE ?
Si le Renault City K-ZE a été spécifiquement conçu pour le marché chinois, le constructeur envisage tout de même dès à présent son avenir hors de Chine. Son arrivée dans les pays émergents comme l’Inde ou le Brésil semble assez évident, mais Renault étudie également son introduction en Europe. Une arrivée qui nécessiterait toutefois certaines modifications sur la voiture afin de respecter les normes européennes de sécurité. Des modifications qui augmenteront forcément ses coûts de production. Même si ses dirigeants estiment que le véhicule dispose d’un réel potentiel avec un prix qui (avec les aides à l’achat) pourrait être proche des 10 000 euros, la question d’un lancement en Europe n’est pas encore tranchée. Une question complexe car il ne faudrait pas que ce modèle vienne phagocyter les lancements déjà programmés par Renault en Europe. Ainsi il est fort probable que, si cette réponse est positive, sa commercialisation en Europe s’effectuera sous la marque Dacia, la marque low-cost du groupe.
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