A moins d’un mois du lancement des Journées AVEM, notre adhérent et partenaire de l’événement, Borne Recharge Service, représenté par son dirigeant John Honoré nous a accordé une interview dans lequel il se confie entre autre sur les projets de développement à l’étranger pour BRS et sur son avis sur le droit à la prise.
Vous proposez un service pour entreprises et pour copropriétés, quelles peuvent-être les complexités de ces deux types d’installations ?
Dans une copropriété, il faut tenir compte de l’état général des installations électriques. Le décret dit du droit à la prise nous impose un raccordement aux parties communes en aval des installations électriques générales. Si celles-ci sont par trop vétustes il n’est pas dans notre intérêt de courir le moindre risque, pas plus que dans celui des copropriétaires, et cela nous oblige à équiper à nos frais l’immeuble d’installation plus récentes. Mais ceci n’est qu’une infime partie des immeubles. Plus généralement, nous soumettons au SDC (syndicat des copropriétaires) des installations évolutives en fonction des demandes. Personne en France n’a réellement une idée du taux de pénétration du véhicule électrique en France, nous pourrions donc avoir plusieurs demandes mais étalées dans le temps. Actuellement la vaste majorité des demandes est unitaire dans un immeuble, il faut donc répondre à ses demandes sans frais pour le SDC (et les autres copropriétaires) tout en prenant en compte le fait que cela va évoluer, mais quand reste la grande question. La plus grande difficulté est de se faire connaître en France auprès des Syndics et SDC et de combattre les interprétations douteuses des textes de loi. Pas plus tard qu’hier d’ailleurs, un syndic a imposé un raccordement de la borne au compteur personnel (2ème S/S – 4ème étage), ce qui interdit tout bénéfice de la prime Advenir ou du CITE puisque la demande est contraire aux lois. Nous expliquons inlassablement depuis 7 ans quels sont les textes et lois qui régissent cette activité. Mais avec près de 500 copropriétés équipées nous avons déjà une bonne base partout en France.
Ensuite, il faut être juste en termes de prix, quand je parle de « juste », il faut que nous gagnions notre vie et que les copropriétaires ne se sentent pas lésés. Nos forfaits sont au plus près de la réalité du travail effectué, nous avons été les premiers à offrir le déménagement dans nos contrats de services car quand vous êtes locataires, il n’y a pas de raison d’avoir à régler deux fois une installation. En entreprise, c’est très différent, le marché est plus simple et plus compliqué : je veux recharger vite mais je ne sais pas combien de VE je vais avoir, je ne sais pas si je dois faire payer mes salariés ou si j’offre la recharge. Le plus simple reste la phrase suivante « j’ai acheté un VE et je veux recharger en 2 heures ». La phrase est limpide et nous répondons à la demande. Ce qu’aiment les entreprises chez BRS, c’est que nous faisons l’avance des primes Advenir, ils ne règlent que le « net à payer ». Nous disposons de références nationales (multi-sites) plutôt agréables. Nos clients « entreprise » deviennent souvent des prescripteurs.
Vous vous êtes engagés dans un appel au gouvernement pour la modification du droit à la prise, pourquoi ? Quels sont les problèmes que vous identifiez dans les textes actuels ?
Il existe des incohérences car selon la loi il n’est pas autorisé d’installer une borne de plus de 4KW dans un immeuble d’avant 2017, mais c’est toléré par Advenir qui subventionne ces installations. Il est toujours étonnant de voir que chacun interprète les textes de lois à sa façon. Une clarification nous semble donc nécessaire pour une bonne tenue du marché. Ce n’est pas pour nous que nous le faisons mais pour l’avenir du réseau électrique (dont chacun d’entre nous supporte le développement via ses factures).
Par ailleurs, nous sommes forts satisfaits de ce que nous entrevoyons de la loi LOME qui réduirait le temps de 6 mois à 3 mois. 6 mois est le temps pendant lequel un SDC peut s’opposer à une demande individuelle d’installation d’une borne de recharge. Souvent le SDC et le Syndic demande un passage en AG, ce qui peut encore allonger le délai. En le réduisant à 3 mois, nous collons au plus proche de la réalité qu’est la livraison d’un VE et pouvons être plus réactif. Combien de personnes en France n’ont pas franchi le pas parce que le délai est trop long et qu’ils changent de voiture maintenant, se rabattant ainsi sur de l’essence ? Personne ne le sait. Mais attention, il faudra continuer à expliquer, comme le font l’AVERE France et l’AVEM, nous-mêmes et nos confères que cette demande ne nécessite pas un passage en AG mais une simple information à l’AG.
De quelle façon votre business model est-il avantageux pour les clients ? Le prix de l’installation est connu, c’est un forfait. Le prix du contrat de services est connu car il est fixe. Et nos clients ne règlent que ce qu’ils roulent. Avec votre véhicule thermique, si vous roulez 10000Km par an, vous faites des pleins pour 10000Km par an. Nous partons de ce principe en gérant les remboursements de consommation électrique au kWh et centime d’euros près. Vous ne payez que ce que vous roulez. Comme je le disais également, une partie du marché n’est pas fait de copropriétaire mais de locataires. Pour ces derniers, notre contrat de services inclut un « déménagement » car nous effectuons une seconde installation dans l’immeuble de destination (moyennant tout de même 90 euros de frais de dossier). 8 de nos clients ont déjà bénéficié d’un déménagement ce qui a enchanté le locataire et le propriétaire car ce dernier a « hérité » de l’installation et a pu relouer en indiquant « pré-équipé pour véhicule électrique ». Depuis 7 ans, nous avons baissé nos prix de l’ordre de 20% et notre contrat de services de 18%. Nous espérons continuer à développer BRS pour continuer à baisser nos tarifs.
Vous étendez le projet dans d’autres pays, comment les compareriez-vous le marché français à vos nouveaux marchés ?
En France, nous poursuivons notre développement commercial sous l’autorité de Stéphane d’Arbaumont qui est le président de BRS. Quand nous avons créé Borne Recharge Service Grèce (www.brs-greece.gr), la vaste majorité de nos amis et confrères se sont demandée ce que nous allions faire là-bas hormis trouver le soleil. Aujourd’hui, BRS Grèce commercialise des bornes tous les jours et continue à se développer principalement auprès des entreprises et des chaines hôtelières. Le marché de la copropriété est encore naissant, mais cela viendra.
En Chine où nous avons exporté notre technologie, nous avons trouvé un accueil technique et commercial intéressant, ce qui explique notre partenariat avec un industriel chinois et la création de BRS China. Nos bornes sont produites en Chine, nous ne le cachons pas mais cela nous a permis de réduire indéniablement les coûts de fabrication. Ils ont vendu un certain nombre de bornes, mais je ne saurais vous dire combien. La difficulté pour nos partenaires chinois est de commercialiser une technologie européenne face à des fabricants chinois. Pour vous donner une idée, une borne qui vaut aux alentours de 500/600 euros en Europe est commercialisée par nos concurrents chinois sur le marché chinois aux alentours de 200 euros, voire moins. La compétition est donc rude mais nous misons sur la qualité et non pas sur la quantité. Le marché chinois se développe correctement et nous prenons part à ce développement via des partenariats avec de grands groupes immobiliers. A ce jour, un grand nombre de bornes a été commercialisé mais principalement en voirie, le marché résidentiel sans être naissant n’est pas mature et est très loin de l’être. C’est un marché en très forte croissance sur lequel nous sommes et nous resterons. D’autres aventures territoriales nous attendent mais je ne vous dirais pas où aujourd’hui.
Vous travaillez aussi avec Electric 55 charging sur des projets de gestions de bornes, d’où est née cette collaboration ? Romain Vincent (fondateur d’E55C) est un surdoué (en tout cas pour moi). L’avenir nous dira si c’est le plus grand visionnaire de la recharge en voirie ou un aventurier. Personnellement, j’ai eu la chance de le rencontrer très tôt, nous nous sommes bien entendus et nous sommes complémentaires. BRS intervient dans les copropriétés et les entreprises, E55C intervient sur l’espace public avec un modèle innovant. Nous étions faits pour nous entendre et collaborer. Je l’apprécie et suis souvent étonné par ses capacités d’innovation. Il s’est entouré d’une équipe pour laquelle j’ai un immense respect et je suis certain qu’il a le même respect pour BRS. Si vous passez par St Tropez, vous pourriez nous trouver autour d’un verre de rhum que nous essayons de partager le plus souvent possible en train de débattre ardemment sur les axes de développement et les solutions techniques à apporter, souvent au détriment de nos vies de famille respectives mais ne le dites pas à nos épouses.
Vous participez de nouveau aux Journées AVEM, qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?
Les journées de l’AVEM sont un événement incontournable en France issues d’une longue tradition d’événements. L’AVEM a toujours été très active sous les différentes présidences successives. Jean-Paul Faure a accéléré le mouvement en réétudiant ce que devaient être cet événement. Il ne s’agit pas d’un panel de spécialistes parlant entre eux et comparant leurs approches. Il s’agit d’un événement ouvert au public avec des opérationnels de la recharge répondant aux questions que chacun se pose. C’est un exercice facile et compliqué, car vous vous retrouvez à nouveau avec des novices qui vous posent les questions de base et auxquels il faut bien soit répondre, soit s’interroger sur le pourquoi de votre réponse. C’est donc un événement participatif auquel nous sommes attachés et fiers de participer. Nous essayons d’entrainer le plus de monde possible dans notre sillage pour faire grandir cet événement. Et puis toute l’équipe de l’AVEM est quand même sympathique et professionnelle, ce qui ne gâche rien.
Donc ce que nous attendons, un public encore plus nombreux, des questions encore plus pointues et une participation massive de nos confrères qu’il est toujours plaisant de rencontrer et des constructeurs automobiles. Comme nous le disons toujours, c’est tous ensemble que nous réussirons, aucun de nous ne réussira seul, que nous soyons des particuliers, des installateurs de bornes, des fabricants, des constructeurs automobiles, des syndics ou des associations.
INFOS
Borne Recharge Service
18 bis rue Molitor
75016 Paris
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