Les vélos à assistance électrique connaissent aujourd’hui un succès grandissant et portent la croissance du marché du cycle dont ils représentaient 40% du chiffre d’affaires en 2018. Si la quasi-totalité des VAE fonctionnent à l’aide de batteries lithium-ion, une entreprise française a créé le premier vélo à hydrogène de série (quelques prototypes existaient déjà) fonctionnant avec une pile à combustible. Des vélos qui ont été l’une des attractions du dernier sommet du G7 organisé en août à Biarritz où 200 vélos à hydrogène ont été mis à la disposition des journalistes accrédités. Des vélos conçus et développés par Pragma Industries, que nous avons pu découvrir lors du symposium « Sophia Bearthdays » sur les solutions pour lutter contre le réchauffement climatique, organisé dans le cadre de la célébration des 50 ans de la technopole de Sophia Antipolis. C’est d’ailleurs de l’ambition d’avoir un impact positif sur le changement climatique, conjuguée au savoir-faire de Pragma Industries dans la production de piles à combustible compactes, qu’est nait l’idée de créer ce premier vélo électrique à hydrogène.
Pragma Industries à contre-courant Une idée qui allait à contre-courant de la tendance observée sur l’utilisation de l’hydrogène dans les transports. Même si certains constructeurs automobiles comme Toyota ou Hyundai développent des voitures à hydrogène, la plupart des projets actuels concernent des véhicules lourds (trains, tramways, bus ou poids-lourds). Il faut dire que l’hydrogène est particulièrement adapté aux transports gourmands en énergie. Fort de son expérience tirée d’une quinzaine d’années d’activité dans la fourniture de piles à combustible dans plus de 40 pays, Pragma Industries fait le pari d’utiliser également l’hydrogène dans la mobilité douce. L’entreprise implantée à Biarritz estime en effet que l’hydrogène peut parfaitement être utilisé pour des véhicules légers (vélos électriques, scooters, quadricycles), notamment pour la « mobilité du dernier kilomètre ». Après quatre années de développement, la société a lancé en 2017 la commercialisation de son premier vélo électrique utilisant l’hydrogène comme stockage d’énergie embarqué. Propulsé par une pile à combustible, ce vélo zéro émission baptisé Alpha disposait d’une autonomie allant jusqu’à 100 km et pouvait se recharger en une minute auprès d’une station dédiée.
Alpha, le vélo à hydrogène
En 2019, une seconde version du vélo Alpha est apparue, disponible à l’achat est à la location. Alpha offre désormais une autonomie de 135 à 150 km en fonction du type de conduite, de la topologie et du poids du cycliste. Une autonomie très supérieure à celle des VAE fonctionnant avec des batteries lithium-ion conventionnelles d’une capacité de 360Wh, qui avoisine souvent les 50 km. Une autonomie et des performances constantes quelques soient les conditions météorologiques, y compris par temps froid. Alpha est équipé d’une bonbonne contenant 2 litres d’hydrogène compressé. Un gaz qu’une petite pile à combustible transforme en électricité qui alimente le moteur électrique du vélo. Outre sa grande autonomie, l’autre gros avantage du vélo à hydrogène réside dans sa recharge quasi-instantanée sur des stations dédiées fournies par Pragma Industries qui propose une offre globale à ses clients. Un atout appréciable car une grande partie des coûts opérationnels des services de location en free-floating sont liés à l’énergie et à la recharge. Non seulement un vélo à hydrogène embarque 2 à 3 fois plus d’énergie qu’un VAE classique, mais son temps de recharge est très court puisqu’il ne prend qu’une minute ou deux.
Les publics visés
Même si ce vélo Alpha semble adapté pour un déploiement dans des services de location en free-floating, ce ne devrait pas être dans un premier temps la cible prioritaire de Pragma Industries. La raison majeure est liée au coût actuel de ce vélo, qui s’élève à 7 000 €. A ce prix, vu les dégradations que subissent aujourd’hui les flottes de vélos en free-floating, il parait difficilement imaginable de les intégrer dans ce type de services. De même, les particuliers ne constituent pas une cible, d’autant plus qu’ils auraient des difficultés pour trouver une station de recharge à proximité. Mais si le prix de ce vélo à hydrogène est aussi élevé, c’est parce qu’il est encore produit en petite série. Les prix devraient rapidement baisser et la société a déjà un objectif de prix à 4 000 € d’ici deux ans. En attendant, Pragma Industrie vise les flottes captives d’entreprises pour leur personnel dans le cadre de la mise en place d’un PDE ou d’un Plan de Mobilité. Les collectivités territoriales et les Offices du Tourisme sont également ciblés, soit pour mettre les vélos à disposition de leurs agents, ou bien pour mettre en place un service de locations touristiques. Tout en offrant des autonomies importantes, la solution proposée par Pragma Industries transforme la gestion du parc de vélos en un jeu d’enfant en faisant disparaître le casse-tête de la recharge des batteries. Selon l’entreprise, elle offre par ailleurs une efficacité et une productivité maximale tout en protégeant l’environnement. Ceci d’autant plus que les stations de recharge peuvent stocker de l’énergie propre en produisant l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables.
Une industrialisation en marche
Outre le caractère innovant de ce service très attractif, c’est sans doute cette ouverture vers des solutions de mobilité totalement décarbonées qui a particulièrement séduit le Président du Chili lors de sa venue à Biarritz pour le G7. Sebastián Piňera fut tellement sous le charme qu’il souhaita que Pragma Industries puisse livrer 1 000 vélos à hydrogène pour la prochaine COP25 qui se déroulera à Santiago en novembre. Une mission impossible compte tenu des délais de livraison et des stocks disponibles. L’entreprise biarrote pourrait tout de même livrer un certain nombre de vélos l’an prochain au Chili, avec des stations de recharge alimentées par des panneaux solaires. Une production de près de 1 000 vélos à hydrogène est d’ores et déjà engagée pour 2020 afin de répondre aux futures commandes des clients. Des commandes qui viendront gonfler la flotte des vélos à hydrogène en exploitation comme par exemple dans la Manche où des services sont opérés par les Offices du Tourisme de Saint-Lô et de Cherbourg ; dans l’agglomération de Chambéry ; en Touraine et bien sûr dans le Pays Basque. L’industrialisation est en marche et le fondateur de Pragma Industries, Pierre Forté, a pour objectif d’écouler 25 000 exemplaires de ses vélos d’ici 5 ans. S’il y parvient, il aura pleinement réussi sa mission de démocratiser l’hydrogène-énergie verte et les piles à combustible.
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