Si la technologie hydrogène intéresse de plus en plus de collectivités territoriales dans le domaine des bus, elle commence aussi à gagner du terrain dans le ferroviaire. A cet égard, la première commande de trains à hydrogène en France que viennent de lancer les Région Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche Comté, Grand Est et Occitanie constitue une étape historique dans le développement d’une filière d’avenir. Pour le compte de ces quatre régions, SNCF Voyageurs vient en effet de commander à Alstom les 12 premiers (plus deux rames optionnelles) trains bi-mode électrique-hydrogène, pour un montant total de près de 190 millions d’euros.
Alstom a été le premier constructeur à développer un train de voyageurs basé sur la technologie de l’hydrogène. Une technologie conçue comme une véritable alternative au diesel pour des trains circulant sur des lignes non électrifiées. Après l’avoir expérimenté avec succès en Allemagne sur près de 100 km de ligne en Basse-Saxe, Alstom a désormais enregistré près de 70 commandes fermes pour son train à hydrogène. En France, les premiers essais de roulage sont programmés en 2023 pour une mise en service commerciale en 2025 dans les quatre régions qui recevront chacune 3 rames auxquelles pourraient s’ajouter deux supplémentaires dans le Grand Est.
Une technologie innovante
Les trains Coradia bi-mode électrique-hydrogène développés par Alstom bénéficient d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 600 km sur les portions de lignes non électrifiées. Composés de 4 voitures, ces trains offrent une capacité totale de 218 places assises et les mêmes performances dynamiques et de confort que la version bi-mode électrique-diesel. Ces trains H2 mélangent de l’hydrogène embarqué à bord et de l’oxygène grâce à une pile à combustible installée dans la toiture, qui produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Une énergie stockée dans des batteries avant d’être utilisée pour la traction du train avec de la vapeur d’eau comme unique résidu.
Développée à Tarbes au sein du centre d’excellence d’Alstom pour les systèmes de traction, cette technologie présente de nombreuses innovations en termes de conversion d’énergie propre et de stockage d’énergie flexible dans les batteries, mais aussi de gestion intelligente de la puissance motrice et de l’énergie disponible. Contrairement aux trains à hydrogène iLint circulant en Allemagne, les trains H2 commandés en France seront munis d’un pantographe pour être alimentés par des caténaires lorsqu’ils rencontreront des lignes électrifiées. Ils emporteront moins d’hydrogène que leurs homologues allemands (160 à 180 kg en France contre 260 kg en Allemagne). Par contre étant plus longs (172 m contre 54 m), ils seront munis de piles à hydrogène plus puissantes (300 kW contre 200 kW) et de batteries capables de stocker plus d’énergie (143 kWh contre 111 kWh).
Une bonne nouvelle pour l’environnement et l’emploi
Visant à remplacer les locomotives et les automoteurs diesel circulant sur les parties non électrifiées de son réseau, l’arrivée prochaine des trains à hydrogène s’inscrit dans le cadre du plan de la SNCF en faveur du verdissement du ferroviaire et de la neutralité carbone en 2050. Traduction de ses investissements dans des technologies sans émission de carbone, c’est une réponse concrète pour réussir la transition énergétique dans les territoires. Avec le remplacement progressif du diesel qui représente encore 25% de l’énergie consommée par les TER et est responsable de 75% de leurs émissions de CO2, l’environnement des régions concernées sera mieux préservé.
Ces trains H2 sans émission et peu bruyants constitueront également une solution crédible pour sauvegarder et développer de petites lignes ferroviaires non-électrifiées, aujourd’hui menacées. Les premières régions à vouloir les expérimenter souhaitent aussi en faire un vecteur d’emploi, d’attractivité et de croissance. C’est notamment le cas de la Région Grand Est qui entend profiter de cette commande pour maintenir l’emploi et l’activité du site de Reichshoffen où seront assemblées les rames commandées via ce contrat, ou encore de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui depuis quelques années développe sur son territoire un écosystème regroupant la quasi-totalité des acteurs de la filière hydrogène.
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