Dans le cadre du point presse qui a suivi la réunion du Comité stratégique de la filière automobile, Bruno Le Maire a évoqué des aides financières pour les véhicules électriques utilitaires « les plus lourds qui, jusqu’à présent, ne bénéficient pas des aides à cause des effets de seuil ».
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance a ensuite précisé : « Aujourd’hui, il y a un plafond à 60 000 euros ».
Le tout semble semer une certaine confusion.
De nombreux médias ont indiqué à la suite des propos du ministre que le plafond de 60 000 euros du bonus gouvernemental sur le prix d’achat d’un utilitaire électrique sera supprimé. Sauf qu’aujourd’hui, et jusqu’à la fin du mois de juin 2021, un bonus de 3 000 euros existe déjà pour les utilitaires de moins de 3,5 tonnes conçus et construits pour le transport de marchandises.
Les particuliers comme les personnes morales peuvent en bénéficier. En fait, il n’y a pas de tranches pour cette catégorie de véhicule. Le montant de la prime est la même quel que soit le prix de l’engin.
Quand le ministre parle des véhicules électriques utilitaires les plus lourds, à quoi pense-t-il ? Aux camions jusqu’aux ensembles de 40 tonnes ? Aux autocars aussi peut-être ? Qu’a donc voulu dire Bruno Le Maire ?
Comparons avec le communiqué de presse émis pour l’occasion.
On peut y lire : « Au même titre que les véhicules particuliers, les filières de véhicules utilitaires légers (VUL) et des véhicules industriels s’engagent à poursuivre le renforcement de leur offre de véhicules zéro émission et tripler la part de marché des VUL électriques dans les deux années à venir. Les dispositifs de bonus et de prime à la conversion seront ajustés pour réduire l’écart de coût d’acquisition et d’usage qui apparaît aujourd’hui trop important pour développer les ventes sur ce créneau ».
Le texte évoque les « véhicules utilitaires légers » et les « véhicules industriels ». Ces derniers englobent généralement 2 types de camions : les tracteurs routiers avec semi-remorque, et les porteurs.
On pourrait dès lors imaginer, sans parler de la prime à la conversion, que tous les véhicules pour le transport de marchandises bénéficieront d’un bonus dont le montant reste encore à définir.
Bruno Le Maire n’a indiqué qu’un seul exemple : le Renault Master. Rien à voir avec un gros camion. Mais ce fourgon existe en moins et plus de 3,5 tonnes.
Et si c’était seulement le plafond des 3,5 tonnes qui devait sauter, et uniquement pour des utilitaires de type fourgon ? Une interprétation qui serait tout autant crédible.
Pourquoi se poser la question de la prime à la conversion ? Tout d’abord parce que le ministre et le communiqué de presse évoquent tous les 2 à un moment de leur développement le bonus et cette aide qui a pour objectif d’éliminer de la circulation les véhicules les plus polluants.
Ensuite parce que pour la prime à la conversion, il y a bien une limite de prix à 60 000 euros. Ce plafond concerne également les camionnettes (moins de 3,5 tonnes).
Pour le gouvernement, les 2 aides visent à développer les ventes de véhicules électriques. Sauf que pour les particuliers et les professionnels, il y a une différence de taille. Sans un vieux diesel ou ancien modèle à essence, la prime à la conversion ne peut être obtenue.
Concrètement, en mélangeant un peu tout ça, on peut donc comprendre cette annonce de différentes façons.
Une des plus probables est sans doute que c’est la prime à la conversion qui va devenir accessible avec l’achat d’un utilitaire de type fourgon, sans limite de prix ni de poids. Toujours en sacrifiant un véhicule polluant, puisque c’est la raison d’être principale de ce coup de pouce.
Autre possibilité : Le cas ci-dessus pourrait n’être qu’une mesure parmi un ensemble de nouvelles dispositions. Il s’agirait globalement d’aider à l’achat de véhicules utilitaires et industriels en faisant sauter les limites de poids et de prix. On pourrait dès lors s’attendre à des tranches. Aider de seulement 3 000 euros l’achat d’un tracteur routier électrique ne constituerait certainement pas une aide suffisamment motivante pour un transporteur. A moins d’être cumulable avec d’autres dispositifs.
Cette piste d’un ensemble d’aides prend tout son sens avec cet extrait du communiqué de presse : « Les dispositifs de bonus et de prime à la conversion seront ajustés pour réduire l’écart de coût d’acquisition et d’usage qui apparaît aujourd’hui trop important pour développer les ventes sur ce créneau ».
En outre, Renault et Volvo, en particulier, comptent déjà à leurs catalogues des camions électriques qui sont fabriqués en Normandie. Il y a donc des créations d’emplois à la clé en soutenant la mobilité électrique lourde. Ce coup de boost à l’emploi est indissociable du plan France Relance.
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