Dans un contexte où la chasse aux émissions de CO2 s’intensifie, remplacer des engins diesel ou essence par des vélos, en particulier des modèles désignés sous l’appellation « cargo », électriques ou non, permettrait de réaliser des gains carbones importants. Quatre axes sont à l’étude.
« Un vélo cargo triporteur possédant une caisse de 1 500 litres émet 85 % de CO2 en moins par rapport à un véhicule thermique ayant une capacité similaire », assure le ministère de la Transition écologique dans sa communication intitulée « Plan national pour le développement de la cyclo-logistique » et diffusée depuis lundi 3 mai 2021.
Ce projet de programme s’inscrit dans le cadre de différentes mesures pour accélérer « la mobilité propre en zone urbaine ».
Ainsi la lutte contre la pollution de l’air appelée par différentes directives européennes, la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, la stratégie nationale bas carbone (baisse de 28 % des émissions de GES du transport en 2030 par rapport à 2015), le plan national pour les mobilités actives qui vise un triplement de la part modale du vélo d’ici 2024, et la mission logistique urbaine durable qui cherche à dégager des axes de progrès.
Si le gouvernement cible les livraisons dans les grandes villes, c’est tout simplement parce qu’elles explosent sous l’influence du commerce en ligne. L’actuelle pandémie de Covid-19 amplifie le phénomène avec désormais 90% des 15-79 ans qui passent des commandes sur le Web.
La cyclo-logistique ne prendra pas en charge toutes les livraisons. Mais elle peut être très présente pour les derniers kilomètres qui séparent un dépôt des destinataires les plus proches. D’autant plus que les progrès permettent de transporter sur des triporteurs cargos à assistance électrique des charges de plus en plus importantes. Ces engins peuvent même être équipés de caissons frigorifiques.
Selon les chiffres communiqués par le ministère, 11 000 vélos cargos auraient été vendus en 2020, en hausse de 354% par rapport à l’année précédente.
Quatre axes sont à l’étude pour amplifier le mouvement.
Trois dispositifs, mobilisant 12 millions d’euros dans le cadre des certificats d’économies d’énergie, sont de nature à accélérer les livraisons à vélo.
Tout d’abord ColisActiv, qui vise à faire préférer ce moyen de transport face aux utilitaires thermiques. Quatre territoires sont en phase d’expérimentation actuellement : les communautés urbaines de Reims et Angers, l’établissement public territorial Paris-Est-Marne et Bois, et le syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise. Dès juin prochain, seront éligibles les villes, agglomérations et communautés de communes concernées par la mise en place de ZFE en 2021 : Grand Paris, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse.
Ma Cycloentreprise et V-Logistiques forment les 2 facettes du deuxième dispositif. Elles visent respectivement à : accompagner la création de microentreprises de cyclo-logistique ; aider l’équipement des professionnels en vélos et vélos cargos.
Le dernier système s’appuiera sur la prime à la conversion. En sacrifiant une voiture particulière ou un utilitaire essence ou diesel considéré comme polluant par l’administration française, il sera possible d’obtenir une aide financière à l’achat de vélos cargos. Les modalités de cette nouvelle proposition devraient être communiquées dans les semaines à venir.
Le gouvernement souhaite actionner divers leviers pour le développement de la cyclo-logistique. Il va déjà peser sur les services de l’Etat et les collectivités locales qui sont d’importants consommateurs de plis et de colis. Sous 5 ans, des clauses environnementales seront associées aux marchés publics pour la gestion de ces trafics.
A l’autre bout, ce sont les grandes entreprises de messagerie (La Poste, DHL, UPS, etc.) qui vont être sollicitées pour s’orienter encore plus significativement vers des modes de transport décarbonés dont les vélos et vélos cargos, électriques ou non, font partie.
Dernier volet, le ministère de la Transition écologique espère des assureurs la création de formules de couverture spécifiques à l’usage de ces engins. Cette décision a été prise après avoir constaté que nombres de microentrepreneurs effectuant des livraisons à vélo ne sont pas assurés. Pas forcément par négligence, mais en raison de la pauvreté de l’offre dans le domaine.
Quels sont les principaux freins au développement de la cyclo-logistique ? Le ministère a recensé « le manque de locaux permettant d’organiser le tri et la distribution des colis entre coursiers mais également le manque de pistes cyclables et de places de livraison dédiées ».
Il a donc été décidé d’agir pour les gommer. Parfois en mettant à disposition, par une convention d’occupation précaire, un bâtiment en attente d’un projet. En exemple la situation de la structure associative Synchronicity, acteur central de la cyclo-logistique à Marseille, qui dispose de vastes locaux au cœur de la ville grâce à l’établissement public foncier Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Pour aider les collectivités à s’impliquer dans ce genre de soutien, l’Ademe va proposer d’ici la fin de la présente année 2021 une adaptation au contexte français du guide européen A Guide to Planning Cyclelogistics Hubs.
Le dernier axe se subdivise en 2 pistes. Avec la première, il s’agit d’appuyer le développement de la cyclo-logistique à travers des solutions digitales innovantes. Les grandes entreprises ont les moyens de développer leurs propres applications pour optimiser leur chargement et les itinéraires des livraisons. Ce n’est pas le cas des petites structures indépendantes.
Le second volet prend les vélos cargos comme support à la collecte et à la transmission de données. Ainsi le projet Diams (Digital alliance for Marseille sustainability) qui, grâce à des capteurs embarqués par ces engins pilotés par des coursiers marseillais, vise à mettre à jour une cartographie très précise des concentrations de polluants dans l’atmosphère.
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