Longtemps en retrait dans ce domaine, le groupe Stellantis place désormais la mobilité électrique au centre de son développement. Dans son plan stratégique Dare Forward 2030, il table sur plus de 5 millions de véhicules électriques vendus en 2030. Pour y parvenir, Stellantis compte investir plus de 30 milliards d’euros d’ici 2025. Un investissement portant notamment sur le développement de quatre plateformes qui seront utilisées par les 14 marques du groupe. Stellantis souhaite aussi être très présent dans la production de batteries, l’un des éléments clés d’un véhicule électrique. D’ailleurs, en matière de batteries, il a multiplié les initiatives ces derniers temps. Des initiatives principalement dans le cadre d’ACC, mais aussi en lançant des collaborations avec LG Energy Solution et le CEA.
L’essentiel de la stratégie de Stellantis dans les batteries repose sur ACC, la co-entreprise qu’il a fondée avec TotalEnergies. Les deux partenaires ont ensuite été rejoints par Mercedes dont l’arrivée dans le capital vient d’être officialisée. Une arrivée approuvée récemment par l’Union européenne qui soutient d’ailleurs fortement ce projet, fer de lance de l’Airbus des batteries. Stellantis, TotalEnergies et Mercedes sont désormais actionnaires à parts égales d’ACC avec chacun un tiers du capital. ACC est aujourd’hui en ordre de marche pour participer activement à la relocalisation en Europe de la production de batteries. Pour cela, les trois partenaires ont prévu de mobiliser un investissement de plus de 7 milliards d’euros. Un investissement concentré au départ sur la construction de deux premières Gigafactories à Douvrin et en Allemagne à Kaiserslautern.
Démarrage de la production dans l’usine pilote de Nersac
ACC est d’autant plus en ordre de marche que vient de démarrer la production de son usine pilote de Nersac. Un démarrage dans les délais prévus qui permet à cette ligne pilote de commencer à remplir sa mission. Celle-ci consiste à tester les innovations futures des procédés de fabrication, leur efficacité industrielle et leur adaptation à la prochaine génération de technologies avant son déploiement dans les Gigafactories. Pour le vice-président industriel d’ACC Olivier Dörr : « A Nersac, nous allons affiner nos processus à l’échelle 1 avant de les faire passer à grande échelle dans nos Gigafactories, de la manière la plus durable. Avec le démarrage de la production, nous prouvons la viabilité future de nos produits et la performance de nos processus. Il s’agit d’une étape essentielle dans la réalisation de la mission d’ACC ».
Outre celles de Douvrin dans le Pas-de-Calais et de Kaiserslautern, Stellantis vient d’annoncer la construction d’une troisième Gigafactory. Celle-ci sera implantée en Italie dans l’usine Fiat de Termoli, une ville située au bord de l’Adriatique. Sa construction nécessitera la transformation de l’usine actuelle qui produit aussi des moteurs pour Alfa-Romeo. Selon le CEO de Stellantis Carlos Tavares, cette transformation aidera le groupe à bâtir un avenir plus durable. Elle positionnera également ACC comme leader européen de la production de batteries. Ce réaménagement permet aussi à Stellantis de réaffirmer ses engagements en Italie. Un pays qui doit jouer un rôle important dans la transformation du groupe en « Tech company » de mobilité durable.
Une augmentation des capacités de production d’ACC
L’investissement pour la création de cette Gigafactory s’élèverait à 2,3 milliards d’euros, dont 370 millions de fonds publics. La construction de la Gigafactory de Termoli permettra aux trois actionnaires d’ACC d’accélérer le développement de leur entreprise. Des actionnaires qui ont manifesté la volonté de porter la capacité industrielle d’ACC à au moins 120 GWh d’ici 2030. De son côté, Stellantis compte également augmenter de 140 GWh sa capacité d’approvisionnement pour atteindre 400 GWh. Ceci avec un total de cinq Gigafactories prévues et des contrats d’approvisionnement complémentaires. Sur les cinq sites de production de batteries, trois seront donc implantés en Europe (en France, Allemagne et Italie). Destinées principalement à alimenter les marques américaines du groupe, les deux autres seront situées aux USA et au Canada.
Stellantis vient d’ailleurs d’annoncer la construction d’une Gigafactory dans l’Ontario à Windsor, capitale canadienne de l’automobile. Une usine édifiée non plus avec ACC, mais en collaboration avec LG Energy Solution. Pour construire cette première Gigafactory canadienne, Stellantis et LG Energy Solution vont investir 4,1 milliards de dollars. Les travaux devraient débuter cette année pour un lancement de production prévu au premier trimestre 2024. Les deux partenaires espèrent que leur implantation à Windsor servira de catalyseur pour la création d’une solide chaîne d’approvisionnement de batteries dans la région. Le Canada s’engage d’ailleurs à mettre en place un vaste écosystème local de batteries. Ceci en s’appuyant sur son statut de leader mondial dans la production d’électricité issue d’énergies renouvelables.
Une capacité annuelle de production de 45 GWh
L’usine produira des cellules et des modules de batteries pour répondre aux besoins du groupe Stellantis en Amérique du Nord. Des besoins importants puisque l’objectif de Stellantis est d’y atteindre 50% des ventes de véhicules électriques à l’horizon 2030. Le site affichera une capacité annuelle de production supérieure à 45 GWh. Sa création permettra de générer la création d’environ 2 500 nouveaux emplois. A noter que le groupe est déjà le plus grand employeur de Windsor où il a une riche histoire. Chrysler y a en effet débuté son activité en 1925 employant des générations de travailleurs. Le Maire de la ville se félicite d’ailleurs de la création de cette usine qui sécurise l’emplacement stratégique de Windsor. Pour Drew Dilkens : « Alors que le monde se tourne vers les véhicules électriques, Windsor accueillera bientôt l’usine de fabrication de batteries qui les alimenteront ».
Stellantis ne se contente pas de chercher à garantir son approvisionnement en batteries. Il cherche aussi à être à la pointe de la technologie pour offrir des solutions de mobilité innovantes. Dans cette optique, il vient de signer un contrat cadre d’une durée de 5 ans avec le CEA. Cet organisme public de recherche a un rôle d’accélérateur d’innovation au service de l’industrie française. Ce contrat est stratégique et ambitieux pour les activités liées aux véhicules électriques, ainsi que les usines du futur. Les équipes impliquées viennent de présenter les premières avancées de leur collaboration en matière de modélisation numérique des batteries. Ces modèles permettent d’analyser les stratégies de temps de charge et les mécanismes de dégradation des batteries. Ils ont pour but de mieux maîtriser les impacts environnementaux des différentes technologies de batteries.
L’apport du CEA
Les partenariats technologiques avec des entreprises clés jouent un rôle essentiel pour Stellantis. Ils doivent lui permettre de devenir le champion de l’industrie dans la lutte contre le changement climatique. Nicolas Champetier (Senior Vice President Advanced Engineering Propulsion Systems, Stellantis) est heureux de bénéficier des expertises du CEA : « Ces travaux sur les modalisations numériques auront un impact positif sur la performance et le coût à l’usage des batteries pour les clients ». De son côté, « Le CEA est fier de mettre à disposition de Stellantis sa maîtrise technologique, en considérant toutes les étapes du cycle de vie du produit, de sa conception jusqu’à la fin de vie » a déclaré Stéphane Siebert, Directeur de la Recherche Technologique au CEA.
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