La recharge gratuite ou à bas coût pour récompenser la clientèle de sa fidélité se réduit. Et parfois les tarifs deviennent si excessifs que certaines bornes risquent bien de ne plus beaucoup servir. Billet, à partir d’un exemple parlant.
Lorsque j’ai acheté ma première voiture électrique en 2007 – une Renault Clio de 1996 -, combien de fois ai-je entendu les personnes de mon entourage hostiles à ce choix me dire : « Mais tu crois donc que tu vas pouvoir rouler comme ça pas cher toute ta vie ? ». Non, je ne le croyais pas, et ce n’est d’ailleurs pas pour cela que j’ai acheté cette citadine électrique plus de 3 fois plus cher que la version essence du même modèle.
A l’époque, je souhaitais juste compenser l’usage que je faisais régulièrement de voitures anciennes qui se succédaient chez moi (Citroën Traction, DS, CX, Peugeot 204, Ford Taunus, etc.). Le coût de la recharge passait au second plan.
Je me doutais bien qu’avec un nombre important de véhicules électriques en circulation une taxation serait alors créée pour compenser la baisse des recettes provenant des carburants pétroliers. Ca m’est toujours apparu normal. Mais en attendant, comme les autres pionniers venant parfois de bien plus loin dans le temps, j’aurai roulé plus de 15 ans avec une énergie bon marché.
Les tensions sur les marchés de l’énergie précipitent l’augmentation du coût de la recharge pour les voitures électriques. Ce qui ne désavantage pas pour autant le passage à la mobilité branchée puisque les carburants connaissent aussi d’importantes hausses de tarifs en raison d’un baril toujours plus cher.
Quand ce sont les syndicats de l’énergie qui répercutent sur les bornes leurs charges qui s’alourdissent, c’est souvent de façon modérée, et c’est directement lié à leur mission de distribuer l’énergie.
Mais lorsque ce sont de grandes enseignes qui indiquent vouloir contribuer au développement de la mobilité électrique en installant, comme un service, des bornes de recharge sur leurs parkings, on s’attend à une facturation modérée. Et ce, en raison d’une attraction qui se traduit pour les magasins par une présence plus importante de la clientèle, et donc par un gain potentiel au niveau du chiffre d’affaires pouvant aussi profiter aux commerçants des galeries marchandes.
Cette hausse de la fréquentation dans les magasins en raison de la présence d’un service de recharge accessible, notre adhérent ChargeGuru la soutient d’ailleurs ainsi sur son site Internet : « Installer des bornes de recharge sur le parking d’un supermarché ou d’un centre commercial permet de gagner en visibilité auprès des clients en voiture électrique. C’est un bon moyen d’attirer de nouveaux clients et de les fidéliser ».
L’entreprise chiffre même : « En moyenne, les visiteurs qui rechargent leur voiture électrique restent jusqu’à 30 minutes de plus dans le magasin que les autres visiteurs ». Effectivement, je l’ai constaté moi-même, je prends plus de temps pour effectuer mes courses dans ces conditions, n’hésitant à découvrir davantage les rayons ou la galerie marchande.
Que penser lorsqu’un hypermarché décide du jour au lendemain de multiplier le prix de la recharge par 3, 4, et plus, au point de dépasser très largement la tarification du syndicat de l’énergie du territoire ? Est-ce une généralité ou un cas isolé ? Toujours est-il que c’est la politique adopté par un magasin breton rattaché à une enseigne de la grande distribution.
Ayant changé cette année de zone géographique pour ma résidence, j’avais bien signalé par un « Stop » que je ne voulais plus être contacté par ce magasin. Un SMS de bonne prise en compte de ma demande m’avait d’ailleurs bien été retourné. Sans doute en constituant un mailing ciblé sur les clients propriétaires de véhicules électriques, ce souhait aura-t-il été zappé. Qu’importe !
Que dit le message ? Il informe qu’au lieu de la somme symbolique de 1 euro par recharge, il en coûtera désormais 1,50 euro et 0,40 euro du kilowattheure.
Il est clair qu’un euro par opération, c’était donné. Sauf que les bornes étaient souvent indisponibles avec des messages indiquant une insuffisance de puissance. Et lorsqu’elles fonctionnaient, des arrêts survenaient parfois très tôt. Et donc voir partir sans broncher 1 euro pour moins d’un kilowattheure fourni, par exemple, relevait davantage du militantisme que du profit.
Admettons que le matériel, qui n’a pas été changé, soit devenu fiable, pour une recharge de 14 kWh, par exemple, le coût serait donc de 1,50 + 5,60 (14 x 0,40), soit 7,10 euros sur une point de recharge d’une puissance maximale de 12,2 kW selon les informations fournies. Il faut bien sûr avoir au préalable enrichi le compte associé avec la carte du magasin.
Pour comparaison, les bornes 22 kW aux couleurs du syndicat de l’énergie du département affichent pour les abonnés : 0,22 euros du kilowattheure. Soit, dans notre exemple, 3,08 euros la connexion. Avec ses 7,10 euros, le magasin facture donc plus du double, pour une puissance de recharge divisée par 2. Là, pour moi, nous sommes clairement en présence d’une tarification dissuasive.
A l’autre bout de la ville, un hypermarché concurrent se trouve à côté d’une borne rapide du même syndicat de l’énergie. Le coût de la recharge est affiché à 0,33 euro le kWh. Soit 4,62 euros pour nos 14 kWh. Où est-il préférable d’aller faire ses courses dans ces conditions ?
Autre comparaison : Où je suis désormais, le magasin d’une autre enseigne propose une heure de recharge gratuite, sans avoir à s’identifier. Cette limite de temps est aussi contreproductive d’une certaine façon, puisque du coup les usagers n’ont pas de raison de rester plus longtemps.
Mais ce scénario dissuade ceux qui n’ont pas de courses à faire dans le magasin de laisser en ventouse pendant des heures leurs VE. La recharge s’arrêtant d’elle-même au bout de ce délai, il est préférable de ne pas traîner pour libérer la place.
Personnellement, j’aurais préféré le passage à une tarification modérée au bout des 60 minutes. Accorder une heure de gratuité est cependant louable et apprécié de la clientèle locale d’électromobilistes.
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