Directeur général chez Powerdot pour la zone France, Matthieu Dischamps s’est posé cette question concernant la recharge pour les toutes prochaines vacances estivales : « La France est-elle prête à recevoir la déferlante de véhicules électriques sur ses routes ? ».
De plus en plus de voitures électriques en circulation dans l’Hexagone et un réseau qui se développe à grande vitesse désormais sans forcément pouvoir suivre partout sur le territoire : chaque nouvelle période de vacances ou de week-end prolongé donne des signes sur le virage en cours pour une mobilité branchée.
A ce sujet, « l’été 2023 s’annonce révélateur et passionnant », estime Matthieu Dischamps. A la tête d’une entreprise qu’il définit comme « leader de la recharge rapide sur les espaces commerciaux », il dispose de chiffres intéressants. Par exemple que sur le réseau Powerdot, en juillet et août 2022, « 11 % des sessions de recharge ont été utilisées par des touristes étrangers », en particulier des électromobilistes néerlandais, belges, allemands, et suisses.
Par rapport à la même période de l’année précédente, les statistiques internes ont mis au jour que l’exploitation des bornes a doublé dans les zones touristiques, citant en exemples Rennes et Saint-Nazaire aux portes de la Bretagne, et à l’autre bout du pays, dans les Bouches-du-Rhône, Marseille et Aix-en-Provence.
Pour un prix moyen de la recharge de 9,60 euros en juillet-août 2022, la quantité d’énergie enregistrée par opération sur le réseau Powerdot a augmenté de 5 % par rapport à la même période de l’année précédentes : 17,9 contre 17,1 kWh. Il sera intéressant à la rentrée prochaine de vérifier si cette tendance se poursuit. Gageons que oui, avec des batteries embarquées présentant des capacités énergétiques supérieures.
Afin d’évaluer l’affluence pour la saison estivale 2023, Matthieu Dischamps s’appuie sur quelques résultats très évocateurs. Ainsi ceux de l’Avere-France qui témoignent d’une augmentation du parc roulant de 40 % : 1 278 394 unités dont 805 310 véhicules électriques et 473 084 hybrides rechargeables fin mai 2023, contre, l’année dernière, 914 072 engins (588 826 VE + 325 246 PHEV).
Ce cinquième mois de l’année revêt en 2023 un caractère symbolique en étant marqué par le franchissement d’un seuil : plus de 100 000 points de recharge en France. En un an, ce parc des IRVE (Infrastructures de recharge pour véhicules électriques) a progressé de 61,9 %, affichant un taux de disponibilité moyen de 84 %.
Au-delà de la densité du maillage, Matthieu Dischamps se demande : « Le réseau de bornes de recharge est-il suffisant et préparé ? ». Et ce, en vue d’absorber « la déferlante de véhicules électriques qui arrivera sur nos routes ces vacances d’été ».
Il met déjà en perspective pour cela 2 positionnement particulier de la France : Elle est « parmi les meilleurs élèves européens sur le nombre de points de charge installés », mais moins bien placée pour la haute puissance. « Moins de 10 % des points de charge proposent une recharge rapide contre 19 % en Allemagne », compare-t-il.
Pour le DG France de Powerdot, la situation est claire : « La recharge lente représente une part encore trop importante du parc français et la puissance des bornes n’est pas adaptée aux temps de passage des utilisateurs sur les sites. Or, ce type de recharge est essentiel sur les zones touristiques ».
Son entreprise s’active à rectifier le tir. Elle a mis en service dans notre pays 1 600 points de charge rapide, et prévoit d’investir 140 millions d’euros sur le territoire d’ici à 2025 pour y ajouter 8 000 nouveau PDC.
Matthieu Dischamps le confirme, « les autoroutes sont désormais mieux dotées avec 80 % de taux d’équipement des aires de service et une station toutes les 60 km en moyenne », citant l’Asfa (L’association des sociétés françaises d’autoroutes). Il a raison d’imaginer que « ces stations vont être prises d’assaut ». Nous avons nous-mêmes déjà pu le constater en différents coins de France, et parfois même en dehors des jours les plus chargés en circulation.
Le dirigeant de Powerdot ajoute à cela un prix d’usage plus élevé qui peut se justifier par une puissance supérieure et une localisation pratique. C’est pourquoi il plaide pour une alternative : les « hubs de recharge en bordure d’autoroute (parkings des commerces ou d’hôtels) » qui constituent son fonds de commerce. Ils sont souvent moins coûteux et permettent tout autant d’effectuer une pause, par exemple pour le déjeuner.
Par ailleurs, la moindre puissance de ces chargeurs n’est pas forcément un problème. Déjà parce qu’elle est encore très souvent au-delà de ce que les VE peuvent accepter, mais aussi qu’avec les températures estivales les systèmes des véhicules vont également déplacer le curseur vers la sécurité. La courbe de recharge sera alors plus lissée, bénéficiant à la durabilité des packs lithium-ion.
Pour bien aborder la recharge cet été, Matthieu Dischamps a formulé quelques conseils. Déjà de s’intéresser au système de refroidissement de son véhicule électrique pour connaître son fonctionnement dans ce cas d’usage. Il préconise également de privilégier un stationnement à l’ombre et d’exploiter la gestion de la température de l’habitacle lors de la recharge. Le tout va contribuer à préserver l’autonomie en modérant l’impact de la climatisation pendant les périodes de roulage.
Nous pouvons de notre côté ajouter à cette liste qu’il vaut mieux se remettre au plus vite en route en fin d’opération plutôt que de laisser le véhicules stationné pendant plusieurs heure sous le soleil. Ce sera bénéfique au refroidissement des cellules.
Par ailleurs, comme pour éviter les temps d’attente aux péages, il est payant de prévoir des arrêts recharge à des horaires décalés. Ainsi en partant tôt, et en n’hésitant pas à déjeuner vers 11 heures. C’est ensuite que les bornes à haute puissance risquent d’être très fortement sollicitées, y compris dans l’après-midi et en soirée, selon les sites. Ce scénario sera autant profitable pour les chargeurs sur autoroute que dans les stations Powerdot.
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