Suite de notre série d’articles sur les tables rondes des Assises de l’électro-mobilité 2024. La seconde table ronde du 4 avril traitait des enjeux technologiques, actuels et à venir, de la filière. Igor Hazanavicius planta le décor avec une présentation du marché du véhicule électrique et de ses tendances. Gilles Chèné de Thales parla des solutions de cybersécurité pour l’automobile et l’écosystème de la recharge. Thierry Le Deun présenta les solutions technologiques de Phoenix Contact pour la recharge rapide. Eric Darsel de Renault Trucks évoqua ensuite l’offre électrique pour les poids lourds. Des poids lourds pour lesquels ABB E-Mobility et Chargepoly proposent des infrastructures de recharge spécifiques. Des solutions présentées respectivement par Nicolas Chauveau et Hadi Moussavi. Enfin, Brieuc de Tonquédec évoqua les investissements du réseau Ionity pour répondre aux attentes des usagers en matière de recharge.
Groupe allemand d’ingénierie, FEV aide les constructeurs à avoir une bonne vision du marché automobile. Un marché de 63 millions de véhicules particuliers vendus de par le monde en 2023. Ce marché se caractérise par la croissance exponentielle des véhicules 100% électriques (10 millions d’exemplaires vendus l’an dernier). Avec près de 500 000 ventes/mois, la Chine joue un rôle moteur dans cette explosion des ventes. Sur le marché mondial, 12 modèles (pour beaucoup inconnus en France) concentrent 40% des ventes. Tesla domine le marché avec la Model Y, loin devant la Model 3 suivie par la BYD Ato 3. Igor Hazanavicius expliqua aussi les raisons des écarts de prix entre les différents modèles électriques. Parmi elles, notons le choix stratégique de chimie des batteries, avec des batteries LFP moins onéreuses. Les choix en matière de gestion thermique du véhicule ou d’intégration de la batterie jouent également un rôle important.
Très présent dans l’Aérospatial et la Défense, le Groupe Thales intervient aussi dans l’automobile avec sa division Thales DIS. Résultat de l’acquisition de Gemalto, Thales DIS s’intéresse à toutes les problématiques de cybersécurité de ses clients. Elle fournit notamment des solutions de connectivité et de cybersécurité à l’industrie automobile. Ses cartes SIM permettent d’apporter la 4G dans les véhicules afin que les constructeurs puissent faire de l’échange de données. Thales DIS propose également des solutions de cybersécurité à l’écosystème de la recharge. La réglementation européenne impose en effet désormais la prise en compte de la cybersécurité dans les bornes de recharge. De plus, les bornes de recharge voient apparaitre de nouvelles vulnérabilités générant des pertes pour les clients et les opérateurs. Gilles Chèné présenta les solutions matérielles et logicielles, notamment de gestion des identités numériques, de Thales pour y remédier.
Groupe allemand, Phoenix Contact fabrique des câbles pour les infrastructures de recharge haute puissance. Des câbles HPC (High Power Charging) permettant une charge à 500 ampères et qu’il convient de refroidir. Phoenix Contact le fait en faisant circuler un liquide de refroidissement à l’intérieur du câble. Thierry Le Deun présenta la dernière génération de câbles HPC qui sert déjà à la recharge de camions électriques. Des camions qui nécessitent une puissance de charge encore supérieure, ainsi que le passage de 800 ampères dans le câble. La société travaille aussi sur le nouveau standard américain NACS que Tesla a imposé et qui prend beaucoup d’ampleur actuellement. Un futur connecteur devrait permettre de faire passer 1 500 ampères, toujours avec une technologie de refroidissement. Par ailleurs, outre les câbles, Phoenix Contact fabrique également de nombreux composants que l’on retrouve dans les bornes de recharge.
A l’image de celle de Renault Trucks, l’offre des constructeurs de camions électriques couvre aujourd’hui tous les tonnages. Des constructeurs auxquels la réglementation européenne impose une forte réduction des émissions de leurs véhicules dans les années à venir. Une réduction allant jusqu’à moins 43% pour les poids lourds en 2030. Pour y parvenir, Renault Trucks propose aujourd’hui une offre électrique allant des 44 tonnes jusqu’à la cyclologistique. Pour s’adapter aux usages de chaque client, il offre une grande modularité au niveau des batteries. Un domaine dans lequel Renault Trucks parvient à repousser régulièrement les limites technologiques. Eric Darsel indiqua qu’aujourd’hui plus de 1 000 véhicules électriques de la marque tournent sur les routes européennes. Ils y ont déjà parcourus 15 millions de kilomètres. Demain, Ils pourront se déplacer encore plus facilement avec le déploiement d’un réseau de bornes de recharge pour poids lourds.
Filiale d’ABB, ABB E-Mobility fabrique depuis 12-13 ans des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques. Une fabrication en collaboration permanente avec les constructeurs automobiles, notamment pour s’adapter à l’évolution des besoins des utilisateurs. En matière de recharge des bus et des poids lourds, cela lui permet de déterminer les bonnes puissances. Ce qu’ABB E-Mobility a déjà fait pour les bus avec du pantographe aux terminus. Elle essaye aujourd’hui de le faire pour les camions avec différentes briques de puissance dont le MCS (Megawatt Charging System). Un système de recharge à très haute puissance actuellement en phase d’essais. Pour répondre aux souhaits des utilisateurs, la société travaille également, avec plusieurs partenaires dont Microsoft, sur le Plug & Charge. Un système qui répond à la volonté de simplifier la vie des usagers.
Implantée à Aix-en-Provence, Chargepoly propose des solutions de recharge s’adressant particulièrement aux poids lourds. Ces derniers ont des besoins spécifiques avec une recharge quotidienne et des batteries 10 fois plus grandes qu’un véhicule léger. Fort d’une quarantaine de salariés, Chargepoly se concentre sur la recharge au dépôt, là où 80% des camions se rechargent. Ses solutions visent à permettre aux gestionnaires de flotte d’améliorer leur TCO. Pour cela, elles jouent sur le coût de l’électricité, la durée de vie de l’infrastructure de recharge et sa fiabilité. De par leur conception, les cartes électroniques permettent ainsi un meilleur rendement énergétique des équipements et d’optimiser la consommation électrique. Chargepoly veille également à ce que les camions puissent charger en permanence à la puissance maximale, sans dégradation du service. Enfin, elle s’interface avec les logiciels des gestionnaires de flottes, notamment pour bien planifier les tournées.
Présent dans 24 pays, Ionity compte désormais 600 stations de recharge haute puissance en Europe dont 150 en France. L’une des problématiques d’Ionity réside dans la dualité entre l’installation rapide d’une station et son utilisation dans le temps. Brieuc de Tonquédec expliqua que les constructeurs actionnaires du réseau avaient souhaité ouvrir rapidement un très grand nombre de stations. Mais dans le même temps, Ionity vise pour ses stations une durée de vie de 15 à 20 ans. Ces stations doivent donc nécessairement pouvoir évoluer dans le temps pour faire face à l’évolution des attentes des utilisateurs. Ionity entend les rassurer en délivrant le maximum de puissance et leur faciliter la vie avec le Plug & Charge. Un système qui par ailleurs favorise la rotation des bornes. Cependant l’extension du réseau nécessite des investissements importants, le coût d’une station sur autoroute pouvant atteindre le million d’euros.
INFOS
ABB France
324 rue du Chat Botté
01708 Miribel cedex (Lyon)
FEV
11 rue Denis Papin - CS 70533 Trappes
78197 Saint Quentin en Yvelines Cedex
Chargepoly
31 Parc du Golf
13593 Aix-en-Provence
Phoenix Contact SAS France
52 bd de Beaubourg
77436 Marne la Vallée cedex 2
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