Baptisé SM Tribute, l’exercice de style de DS sur la Citroën SM originelle ne devrait laisser personne indifférent : on aime ou on n’aime pas. Si le communiqué de presse ne l’indique pas, le concept est électrique. Il suffit de chercher et trouver l’indice qui le confirme.
Tout comme la Citroën DS, la SM fait partie de mon histoire familiale. Un de mes oncles, agent Renault pour la tranquillité, mais utilisateur de belles chevronnées par passion, utilisait la sienne pour ses longs déplacements. Mieux valait ne pas monter avec lui en raison des sensations fortes que pouvait faire naître sa conduite sans limites.
On a beaucoup parlé, à raison, de Flaminio Bertoni comme styliste génial de Citroën. Notamment pour la DS. Mais c’est Robert Opron qui a redessiné la face avant, avec ces optiques derrière une verrière, et les phares tournants qu’il a adapté à partir d’un concept déjà existant.
Ces deux nouveautés, le designer d’origine picarde auquel on doit aussi entre autres les lignes de la Citroën CX et de la Renault 25 les a portées sur la SM, sans doute son plus beau bébé. Aujourd’hui encore cette voiture a ses adeptes.
Produite entre 1970 et 1975, la Citroën est à la fois géniale et déroutante, et parfois même décevante. Comme la DS, rapidement elle ne présente pas très bien si on ne l’entretient pas scrupuleusement et si on ne fait pas attention à sa carrosserie. Le bloc V6 Maserati est gourmand et fragile, mais sa sonorité dans les accélérations est magique. Le moteur électrique sur le concept SM Tribute l’effacera donc dans ce qu’il avait de pire et de meilleur.
Déroutante était cette direction asservie baptisée Diravi que l’on a ensuite retrouvée sur les Citroën CX et XM. Et décevants ces boutons communs à l’Ami 8 sur un tableau de bord pourtant très bien dessiné et que le service du style DS a bien fait progressé. C’est d’ailleurs cet élément qui révèle aujourd’hui la motorisation branchée.
Ovale comme sur le modèle des seventies, l’afficheur de droite indique « Battery », avec un niveau de 78 % pour une autonomie estimée à 530 km. En 2016, le concept DS E-Tense Performance était clairement présenté comme électrique, et fonctionnel au point d’être « testé en conditions réelles par nos pilotes de Formule E ».
Ne cherchez pas de caractéristiques techniques sur le groupe motopropulseur de la SM Tribute, il s’agit avant tout d’un exercice de style pour célébrer « dix années d’art et d’élégance depuis la création de DS Automobiles et sa participation à la première édition de Chantilly Arts & Élégance ».
Le concept va d’ailleurs être exposé dans ce cadre dimanche 15 septembre 2024, avec des déclinaisons exceptionnelles de la SM originelle : SM Opéra à quatre portes, SM Mylord cabriolet, SM de compétition engagée aux 24 Heures de Spa-Francorchamps en 1974, etc. Sans doute la SM Tribute est-elle capable de rouler et peut-être que des visiteurs de l’événement programmé au château de Chantilly pourront en être les témoins.
Pour une longueur de 4,94 m (+ 3 cm par rapport à la SM des seventies) et une hauteur à 1,34 m (+2 cm), la largeur gagne 14 cm (1,98 m). Un élargissement qui rappelle celui des voitures en général aujourd’hui et qui pose pourtant des problèmes à bien des automobilistes pour les garer dans nombre de parkings et boxes. La garde au sol est en revanche revue à -3,5 cm pour descendre à 12 cm.
Concernant le nouveau design extérieur, une petite enquête montre qu’il est globalement bien perçu, en particulier par des passionnés de SM. Sont en général appréciés la bande style verrière à l’avant avec un combiné à trois optiques de chaque côté, le rappel global des lignes de carrosserie, le hayon avec la lunette si caractéristique, le masquage d’une partie des roues arrière.
Deux points sont en revanche moins bien acceptés : la grosseur des roues et l’ajourage au niveau du carénage de celles à l’arrière. On imagine par exemple que si la SM Tribute était commercialisée, cette présentation se traduirait par de disgracieuses traces de salissures en roulant sur des routes grasses.
« Ce n’est pas qu’une évocation de la SM. Nous avons respecté le dessin originel par son esprit et ses détails. Nous avons fait une retranscription et une réinterprétation de la SM. Mais comme il n’est pas dans nos habitudes de nous séparer de nos autres travaux, nous avons intégré beaucoup de détails de ce que sont les modèles de DS Automobiles et nos futurs projets », met en avant Thierry Metroz, directeur du Style.
L’intérieur est aussi source de bonnes surprises pour les automobilistes et les amateurs de SM. Déjà au niveau du couvercle de l’instrumentation. « Le dessin du haut de la planche de bord était une signature forte avec une transversalité assumée. Nous avons conservé cette approche identitaire en intégrant le fruit de nos recherches. L’affichage se fait par de la projection, sans écran », souligne Luc Quirin, designer intérieur de DS Automobiles.
La console et les sièges sont aussi en général au goût de ceux qui ont déjà découvert le travail de revisite de DS Automobiles. Le communiqué précise : « Les fauteuils reprennent la confection iconique de la SM, avec ses coussins horizontaux ».
La SM Tribute témoigne que, si DS Automobiles cherche à s’affirmer comme une marque autonome, les liens restent très forts avec Citroën qui fournit son héritage et autorise les exercices de style sur des modèles emblématiques. La proximité se vit concrètement par les utilisateurs des modèles électriques de DS dont l’assistance oriente le plus souvent vers les concessions Citroën agréées VE en cas de panne.
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