La Taxe Incitative Relative à l’Utilisation de l’Energie Renouvelable dans les Transports (TIRUERT) a de beaux jours devant elle d’après l’entreprise Greenea, adhérente à l’AVEM. Ce début d’année 2025 est le bon moment pour faire un bilan des retombées de l’année 2024 de ce levier de financement.
L’année 2024 a été marquée par une accélération du nombre d’acteurs impliqués dans les mécanismes des certificats TIRUERT que ce soit du côté des acheteurs (les obligés) comme des vendeurs. Les inscriptions sur la plateforme dédiée CarbuRe en témoignent :
« Nous constatons par exemple, que le nombre d’aménageurs inscrits sur CarbuRe fin 2024 se situe autour des 150 avec une prépondérance du nombre d’acteurs en courant alternatif. » explique Arezki DJELOUADJI, partner chez Greenea.
Sur le marché de la TIRUERT, l’intérêt pour les certificats dont l’origine est l’électricité renouvelable de borne de recharge ouvertes au public, continue de se renforcer, notamment grâce à leur fongibilité totale avec le marché des biocarburants et leur flexibilité. Cette capacité permet aux acheteurs de placer ces certificats en remplacement des biocarburants les plus chers à un instant donné. D’autre part, le marché des essences, subissant une baisse de la demande sur l’E85 en station, a créé un manque en certificats obligeant les opérateurs pétroliers (les obligés) à se tourner vers d’autres certificats pour compenser les déficits en tickets éthanol.
En termes de prix, la crise énergétique mondiale (gaz naturel notamment) avait vu venir en 2022 et 2023 des prix historiquement hauts sur les biocarburants mais aussi sur les certificats électriques avec des prix proches des 400 €/MWh renouvelable. Les prix sont ensuite descendus à des niveaux proches de 260 €/MWh pour remonter fin 2024 à 330 €/MWh.
Source : https://www.greenea.com/wp-content/uploads/2025/01/31Jan25-e-credits-PRICE-REPORT.pdf
La part renouvelable est restée stable en 2024, s’établissant à 26.02% ce qui donne des prix sortants de borne entre 7.1 à 8.6 centimes / kWh en 2024. Le taux renouvelable en 2025 devrait s’établir autour de 28.5%, ce qui devrait être confirmé par la DGEC sur le premier semestre 2025.
D’autre part, les acteurs en courant continu devront utiliser des systèmes de mise en ligne de données dynamiques (Qualicharge) pour être en conformité, s’ils souhaitent pouvoir continuer de recevoir leurs certificats en 2025. Les compteurs MID en courant continu ne sont pas obligatoires en 2025, mais la DGEC publiera prochainement une date à partir de laquelle cette obligation deviendra pleinement effective.
En ce début d’année, les obligés n’ont pas de pression pour remplir leur obligation. Il leur reste 9 mois pour appréhender le marché et faire les arbitrages nécessaires afin d’optimiser les coûts liés à cette obligation de mandats.
Il est important de noter que plusieurs obligés ont déjà quasiment rempli leurs obligations pour 2025. Leurs besoins supplémentaires émergeront en septembre ou en décembre, une fois que la visibilité sur les consommations d’essence de l’année sera plus précise.
Concernant l’articulation entre les plateformes Qualicharge et CarbuRe, l’obligation devrait être effective à partir du 1er avril. Les points de charge devront toujours être inscrits sur CarbuRe, mais les opérateurs ne seront plus tenus de transmettre les données de consommation pour les dispositifs de charge (DC), car Qualicharge enverra directement ces informations. Sur cette base, les versements des certificats pourront être réalisés directement sur CarbuRe. En ce qui concerne les infrastructures de charge AC, le système actuel de déclarations trimestrielles sur CarbuRe sera conservé. Il est important de noter que ces dispositions ne permettent pas de se soustraire à l’obligation d’installation de compteurs MID.
La nouvelle législation, qui entre en vigueur en 2025, doit aussi préciser comment le marché se réorganisera d’ici 2026.
Jusqu’à aujourd’hui, les obligés utilisaient les unités de EUR/GJ ou EUR/MWh pour leurs achats de certificats d’énergie renouvelable, qu’ils viennent des biocarburants ou de l’électricité renouvelable. La nouvelle unité devrait ressembler à ce qui est utilisé en Allemagne ou en Autriche où les acteurs commercialisent directement des tonnes de CO2eq . Sur le court-terme, il est possible que les unités de commercialisation connues par la filière subsistent, mais il est important de prendre en compte ces nouveaux paradigmes.
La question qui en résulte est : va t-on aller vers un modèle comme en Allemagne, ou toutes les énergies sont fongibles entre elles et donc directement en compétition ? Ou la France gardera t-elle son modèle permettant la protection des filières diesel et essence, permettant au ticket électrique de bénéficier de prix avantageux sur les marchés ?
Quoi qu’il arrive, cette législation REDIII adaptée au marché français donnera une trajectoire claire sur les niveaux d’incorporation en diesel, essence, hydrogène et toutes les catégories d’énergies. Cela représente de nouveaux challenges en fonction du positionnement des acteurs de la filière carburant qui auront ainsi de nouveaux choix. L’évolution des consommations diesel et essence en France peuvent également rebattre les cartes des certificats d’incorporation en énergie de la filière biocarburant. Sur le marché, tous les acteurs planchent d’ores et déjà sur leur stratégie pour 2026 en fonction des scénarios.
INFOS
GREENEA
5, chemin des Perrières
17330 COIVERT
Je ne comprends pas cette phrase « la France gardera-t-elle son modèle de protection des filières diesel et essence et donc indirectement d’électricité ? ». Cela semble assez contradictoire. Que voulez-vous dire ?
Bonjour, merci pour votre question. Nous avons précisé la phrase pour une meilleure compréhension : « La France gardera t-elle son modèle permettant la protection des filières diesel et essence, permettant au ticket électrique de bénéficier de prix avantageux sur les marchés » En espérant que cela puisse répondre à votre question. Cordialement,
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